Les internautes l'ont lu
Un premier roman allemand de Thomas Montasser qui me faisait de l’oeil en librairie. Ma binôme Julie l’avait apprécié, son avis est ici. Une jolie couverture représentant la façade d’une librairie et un confortable fauteuil rouge devant des bibliothèques. Il ne m’en a pas fallu plus pour avoir envie de découvrir ce court roman de 180 pages. Valérie a 25 ans et fait des études d’économie et de gestion d’entreprises. Un jour, un mot de sa tante qui a disparu lui demande de s’occuper de sa librairie. Une vieille librairie, il faut bien le dire un peu en déclin. Dans un premier temps, Valérie veut liquider l’affaire, mais petit à petit elle va découvrir la littérature, dévorer des auteurs classiques et contemporains et devenir elle aussi passionnée des mots. Un jour, elle découvrira un livre un peu particulier qui changera sa vie mais elle l’ignore encore. Pour une amoureuse des livres comme moi, ce livre est un cadeau. Il nous permet de voir l’importance des auteurs, des mots sur chacun de nous. On s’attachera au personnage de Valérie mais aussi à celui de Timmi, un petit jeune qui attache beaucoup d’importance à la beauté de l’objet. Ce court roman truffé de références et d’extraits m’a plu mais quelque chose dans l’écriture et le récit (peut-être la traduction) n’en fait pas un coup de coeur. J’ai néanmoins passé un agréable moment, mes attentes étaient peut-être trop grandes. Néanmoins beaucoup de jolies phrases qui partagent l’amour des livres et du métier. Ma note : 7.5/10 Les jolies phrases Il était fait de fiches, catalogues et d’une série de classeurs que la vieille femme avait alimentés au fil des années et que sa nièce n’avait bêtement pas vus, comme on ne voit pas le panneau de circulation devenu obsolète depuis belle lurette mais toujours sur le bord de la route. Les rideaux de théâtre sont une merveilleuses invention pour dissimuler le banal et susciter la curiosité pour l’extraordinaire. Ils créent d’abord l’espace propice au fantasme en le soustrayant au regard extérieur et préparent notre attention par un mélange nécessaire de mystère et d’attente. Sur le devant, il y a les personnages principaux : des titres choisis pour leur actualité, leur attrait esthétique ou parce que la libraire a jugé qu’ils pouvaient jouer le rôle de phares propres à éveiller la curiosité des passants. Et, au fond, il y a une foule bigarrée de personnages dont il est impossible de se faire une vue d’ensemble, et qui sont si foisonnants, si surprenants, si bouleversants que chacun d’entre eux peut devenir le héros du spectateur. Chaque livre est un événement mis en scène par ce seul rideau cramoisi, démodé et sensuel à la fois, qui ne fut rouvert que le lendemain matin pour permettre à une spectatrice curieuse de jeter un coup d’oeil : Valérie, qui jusque-là n’avait pas accordé un seul regard à la vitrine. Mais Valérie se leva, reposa le livre, éteignit les lumières et inspira profondément tous les savoirs de ce merveilleux laboratoire à rêves, le parfum de ces livres neufs ou anciens, l’exhalaison de leur passé et de leurs promesses, de leurs malédictions et de leurs prophéties, des mains qui les avaient tenus, du soin que leur avaient porté les fabricants de papier, les imprimeurs et les relieurs ; elle huma l’odeur de l’encre, de la colle, du lin, du cuir, de la couverture et de la jaquette, des coutures, des signets et du papier de soie. Jamais une parfumerie n’aurait pu obtenir une cuvée aussi parfaite à partir de l’interaction de toutes ces odeurs, seule une librairie, dans laquelle on classait amoureusement des oeuvres anciennes et nouvelles, en était capable. Le livre est une expérience pleinement sensuelle si on renonce un instant à le voir comme un simple véhicule de la pensée – c’est une oeuvre totale. Découvrir un livre, cela signifie s’affranchir des nécessités du quotidien, arracher sa propre vie à l’ici et maintenant et la replanter ailleurs le temps de la lecture. Retrouvez Nathalie sur son blog |
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