illustration Brigitte Lannaud Levy
C’est qu’elle a les nerfs solides cette libraire. À peine un an et demi après avoir déménagé sa librairie du Hérisson d’Egreville à Montagris pour lui donner un second souffle, Stéphanie Delattre voit ses nouveaux locaux sous l’eau en juin dernier suite aux inondations. Bien qu’une partie de son fonds ait bu la tasse, elle garde son sourire et son inégalable optimisme. «Hérisson», c’est son nom de jeune fille et, comme cet adorable animal, elle a le tempérament pour affronter les difficultés en faisant le dos rond mais sans baisser les bras. C’est ce qui lui a donné l’énergie, après treize ans à Egreville, de mener une opération de crowdfunding pour faire redémarrer sa librairie à Montargis, la Venise du Gâtinais. En dépit des récents évènements, elle nous reçoit pour nous prodiguer avec chaleur, comme elle aime le faire, ses conseils de lecture.
Quel est le dernier roman français qui vous a particulièrement plu ?
« Les enfants indociles » de Marie Charrel (Rue Fromentin). L’histoire d’une jeune femme discrète à la vie assez terne qui rédige des horoscopes. Sa grand-mère qui l’a élevée est un auteur de best-sellers à l’imagination débridée qui un jour s’enfuit de sa maison de retraite et engage un énigmatique jeu de piste avec sa petite fille pour lui mettre du sel dans sa vie. Ce roman très original est un vent de fraîcheur. Voilà un auteur qui gagne à être connu.
Du côté de la littérature étrangère, que nous conseillez –vous ?
« La carte postale » de Leah Fleming (Belfond). Une saga familiale qui court sur trois générations et qui vous fait voyager d’Écosse au bush australien en passant par l’Égypte, l’Angleterre et la Belgique. Un livre passionnant sur l’indépendance des femmes au siècle dernier.
Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« Margarine » de Guillaume Lemiale (Éditions du Sonneur). Les confidences d’une baronne acariâtre qui raconte sa jeunesse pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’elle se prostituait dans un camp pour jeunes engagés français dans la Waffen SS. Un premier roman extrêmement bien écrit sur l’aveuglement et la vulnérabilité de la nature humaine.
Quel est le roman le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Rosalie Lamorlière- dernière servante de Marie Antoinette » de Ludovic Miserole (Les Éditions du Préau). Je l’aime, je l’aime ce livre ! L’histoire des ultimes instants de la reine à la Conciergerie avant son exécution à travers sa dernière servante qui lui survivra. Un docu-roman historique passionnant que je défends depuis sa parution en 2010.
Quel roman d’été nous recommandez –vous pour lire sur le sable ?
« Nos adorables belles filles » d’Aurélie Valogne (Michel Lafon). Une comédie qui se déroule en Bretagne. Un couple avec leurs trois fils et leurs belles filles assez susceptibles. Le beau–père grand égocentrique très maladroit rend les vacances familiales plus que grinçantes. Une lecture facile, pleine de mordant.
Une brève de librairie
Être libraire, c’est plus qu’un métier qui se joue entre 10 h et 19h . C’est une vocation de chaque instant pour transmettre le goût de lire. Un de mes amis qui ne lisait pas a eu la révélation suite à mon conseil de plonger dans « La vérité sur l’affaire Harry Québert » de Joël Dicker. Depuis, chaque fois que je le croise, il a un livre en main. Et ça me rend heureuse.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
Visitez d’autres librairies
La Librairie du Hérisson
70 rue du Général Leclercq
45200 Montargis