Fox aime Mia et, pour lui prouver sa flemme, cet adolescent aux principes un peu vieux jeu (enfin passant malheureusement pour tel de nos jours) et chevaleresque, à passé son été à bosser dur dans les jardins avoisinant sa maison pour lui offrir la bague de ses rêves. Mais, car il faut toujours un mais, Fox fait partie des souffre-douleur des brutes locales (Cragi, Todd, Kip et Virgil) pour certaines déscolarisées. Le jour où il prend avec lui l’argent nécessaire à l’achat de la bague, il se fait alpaguer dans une ruelle et dépouiller de son trésor de guerre durement acquis par les dites brutes évoquées plus haut. Cliff, son pote noir de toujours, lui aussi en butte aux agissements des décérébrés locaux et à un certain atavisme (le fait d’être issu d’une famille de noirs, ghettoïsée, voué à suivre la voie de la délinquance tracée par sa couleur), tombe des nues mais ne peut rien faire pour aider son ami. C’est là qu’intervient Arnie, adolescent solitaire et effacé du lycée. Il leur propose de cambrioler la maison de son père dans le double but d’une part de leur permettre de récupérer 3.000 dollars et d’autre part lui rapporter le trophée de son père, figure locale et symbole de la réussite sociale et économique afin de se venger de cette figure paternelle aussi étouffante qu’ignorante de son propre fils. Mais les apparences sont souvent trompeuses et Fox et Cliff ne se rendent pas compte de l’engrenage dans lequel ils mettent allègrement les doigts, sans compte sur le fait qu’un des membres de la petite bande locale a tout entendu et qu’un serial killer rôde dans les rues de la ville… Jérémy Behm s’est nourri de références cinématographiques, de séries télévisuelles, de jeux vidéos pour en abreuver ses personnages, au premier rang desquels Fox, qui vivent donc dans une sorte de réalité « augmentée » qui permet à l’auteur de développer son histoire un peu déjantée dans les directions qu’il souhaite. Il ne faut pas y chercher une quelconque cohérence ni un début de réalisme, Jérémy Behm ne s’embarrasse pas de telles considérations. Seuls le plaisir d’écrire une histoire un peu folle et partant dans plein de directions et la volonté de dresser une galerie de personnages tous plus hauts en couleur les uns que les autres et pourtant pas aussi monolithiques que ce qu’ils laissent paraître ont semblé sous-tendre la plume de Jérémy Behm lors de l’écriture de ce récit. Force est de constater qu’il mène sa barque avec habileté et dans un style largement accessible aux plus jeunes (à partir de 14 ans, je dirai). Derrière une légèreté assumée, Jérémy Behm interroge néanmoins nos chères têtes blondes sur le regard d’un enfant sur ses parents (ici son père) et sur celui des parents sur leurs enfants. L’enfant se construit avant tout à travers le regard de ses parents et, s’il ressent le besoin d’attirer leur attention, dans la comparaison et la surenchère par rapport à leurs propres agissements.