La rédaction l'a lu
2 m i n u t e s
Les internautes l'ont lu
Admirable
Inspiré d’un vrai témoignage, ce récit poignant renoue avec la force des grands romans classiques. L’héroïne est une Jeanne d’Arc du lien familial, une étoile qui guide les membres épars de la famille naufragée par la maladie honteuse. Un personnage d’une résilience hors du commun qui sacrifie sa vie entière au soulagement de la vie des autres. Valentine Goby se penche sur une période post deuxième guerre mondiale que tout le monde ignore tant l’aura des trente glorieuses semble avoir effacé la misère qui les précédait. On ne peut qu’être bouleversé par cette fille-mère courage qui, bravant les codes bien-pensants, oubliant son confort, se met au service de tous pour recueillir, soigner, panser, et se dépenser sans penser pour les autres! Face à la cruauté ordinaire du groupe, il y a la dignité de l’héroïne qui défend les siens avec la dernière énergie. Admirable.
coup de coeur
Un amour filial inconditionnel
Après avoir lu plusieurs romans de cet auteur, j’attendais un peu avant de lire celui-ci, et bien j’avais tort. V.Goby sait toujours se renouveler et il me semble que les Edts Actes Sud sont vraiment un bel écrin. La terrible maladie, tuberculose qui a pour une bonne part dévasté le XXième siècle ,est ici le départ d’une profonde histoire d’amour entre une fille Mathilde, et son père Paulot ; Il y a un couple heureux Odile et Paulot, ils tiennent un café au centre d’un village, l’animent, presque tous leur sont redevables de quelques services ou moment de bonheur. Ils ont 3 enfants, Annie, qui ne fait que traverser vite le roman, Mathilde , la cadette , garçon manqué , qui ne souhaite que l ‘amour entier de son père , et le petit dernier, Jacques . Mais dans ce bonheur tout simple tombe un coup de tonnerre, la maladie de Paulot, qu’il faudra bien finir par appeler tuberculose. Le paquebot n’est autre que le sanatorium où est envoyé Paulot, la mère essaie de tenir la maison et le commerce , mais sera vite atteinte elle aussi, et là , son attitude est plus qu’ambigüe, elle est heureuse d ‘avoir son mari pour elle seule au sanatorium, et c’est sur les frêles épaules de Mathilde que les soucis retomberont. Peu à peu , tout le monde s’éloigne, la maladie fait peur, mais Mathilde tiendra sa famille à bout de bras, malgré son éclatement(familles d’accueil) les graves soucis d’argent. Et quand elle-même craquera, une seule personne étrangère aux siens la soutiendra. Quand tout sera terminé par la mort de ses parents, elle continuera à se battre, à aimer . C’est en revenant sur les ruines du sana 50 ans plus tard qu’elle racontera son histoire d’amour familial absolu.
coup de coeur
Valentine Goby m’avait touchée avec le très dur mais magnifique « Kinderzimmer ». La magie de sa plume a à nouveau opérer pour son nouvel opus « Un paquebot dans les arbres » qui est inspiré d’une histoire vraie, c’est une des caractéristiques de l’auteure. Quelques jours après la lecture, je suis toujours émue et Mathilde est toujours dans mes pensées. Un paquebot ? il s’agit en fait d’un sanatorium. Un bâtiment conçu dans l’architecture des années trente, qui en son temps devait être magnifique. Trois grands bâtiments aux terrasses individuelles exposées plein sud, perdu dans les forêts d’Aincourt à une cinquantaine de kilomètres de Paris. C’est là que les tuberculeux venaient en cure dans les années soixante. Paul Blanc est un pilier dans le village, il s’occupe de la fanfare, des majorettes, des kermesses, du bal du samedi soir. Avec Odile son épouse il gère le bistrot du village, le Baltot, point de rencontre et de rendez-vous. Il a trois enfants, Annie l’aînée qui très vite se mariera, s’échappera du village, Mathilde notre narratrice, véritable garçon manqué , 9 ans au début du récit et le petit Jacques. Mathilde fait tout pour être aimée de son père à qui elle voue un amour sans limite. On vit bien chez les Blanc, sans compter, sans mettre de côté, on est généreux, insouciant. Un dimanche, Paulot est victime d’un accident de voiture, les côtes froissées dit-il, il refuse de voir un médecin, pourtant, c’est grave, il a un poumon perforé, une pleurésie. Il fera un premier séjour au sanatorium d’Aincourt. On parle de tuberculose, le bistrot se vide, les gens lui tournent le dos et commence alors petit à petit la déchéance, la pauvreté, la maladie… Mathilde n’est encore qu’une grande ado et elle n’en revient pas que ce soit cher pour se soigner, que ses parents n’aient pas la sécurité sociale. A la rechute des ses parents car Odile a elle aussi un peu de tuberculose, c’est elle qui va se battre pour conserver le noyau familial, avoir une famille unie. C’est le destin d’une fille qui va se dévouer, s’oublier pour le bien de ses proches. Tout cela se passe sur fond d’indépendance de l’Algérie. Un récit tout simplement magnifique, poignant. Que de résignation et de pugnacité dans la vie de Mathilde. Elle hante encore mes pensées bien après la lecture. Un personnage magnifique empreint d’émotions que l’écriture captivante de Valentine Goby nous la fait ressentir. Oh que je n’avais pas envie que le récit se termine cinquante ans plus tôt, que j’aurais aimé la suivre encore et voir comment elle a pu se construire après tout cela. Un coup de coeur que je vous invite à lire. Les jolies phrases L’ennui est pire que la douleur, il n’existe pas de remède chimique à l’ennui. Elle lui en veut de son inconscience, que souvent elle chérit car elle tient le malheur à distance. L’éternité commence dans les arbres. Là-bas dans l’ombre, sous le châtaignier, le père et l’arbre se confondent, gris et muets ; ils ont des racines profondes, ils sont vieux et ne meurent jamais. La maladie a banni les Blanc, la misère les ramène. Ils reviennent en perdants. Ils vont d’une solitude à l’autre. La pire est celle qui vient, celle du paria, paraiyar, hors caste parmi les siens dans la langue tamoule du XVIe siècle. L’exil était moins cruel. Changer de maison, de famille, de vêtements. Qui sait, à force, tu ne deviens pas quelqu’un d’autre. La mémoire est une somme d’images vivantes et de fenêtres murées. La vie est dure avec vous, vous n’y êtes pour rien, avec moi elle est douce et je n’y suis pour rien non plus. La seule chose possible, c’est confier la malchance à la chance, compter sur la contagion vertueuse, vous comprenez ? Le ventre d’Annie. Il tient la distance de toute contrainte autre que lui, arme, armure, frontière, rempart, abri. Annie est intouchable car elle va être mère. Son ventre est une permission de repli supplémentaire contre laquelle tout reproche se fracasse. La grossesse est une île. la page 194 Mieux vaut la liberté dans la pauvreté que la richesse dans l’esclavage. Est-ce qu’on peut être libre sans argent ? Mathilde le sait, la pauvreté est une prison. N’empêche, elle a voulu son émancipation.. Retrouvez Nathalie sur son blog
coup de coeur
Lutter…
Ce sont des mots nouveaux qu’il faut apprendre, tout un lexique auquel il faut s’habituer comme quand on arrive dans un pays étranger : pleurésie, bacille, tuberculose, isoniazide, INH, Rimifon, PAS, streptomycine… la liste est longue. Le pays des mots nouveaux que Mathilde tente de comprendre est celui de la maladie de son père, Paul Blanc dit Paulot. Paulot, le tubard. C’est comme cela qu’il est appelé dans le pays maintenant qu’il est malade. Pourtant, le Paulot, lorsqu’il tenait le café Le Balto, à La Roche-Guyon, c’est bien lui qui mettait l’ambiance au village avec son harmonica Hohner : bals à gogo, apéros, repas gratuits pour les affamés, lits pour les « sans piaule », parties de belote et de billard tard dans la nuit. Un gars généreux, à la tête de tous les clubs, prêt à animer toutes les fêtes et qui aurait donné sa chemise pour les autres. Mais maintenant, les autres, les anciens amis, aiment mieux le voir de loin : c’est contagieux un tubard, « c’est la mort qui rôde. Un mort-vivant. Un assassin. » On est en 1952 et Paulot va devoir entrer au sanatorium d’Aincourt dans le Val d’Oise avec sa femme Odile, contaminée, elle aussi. Pas le choix. Ce sana à l’architecture fonctionnaliste dite « paquebot » est construit à l’écart du monde. Il faut tenir éloignés les nouveaux lépreux. Au cœur d’une véritable forêt de pins des Vosges, s’élèvent « trois paquebots de béton couleur neige, jaillis d’un océan de verdure de soixante-treize hectares » : les malades doivent réapprendre à respirer. C’est un lieu hors du monde construit entre 1931 et 1933 à cause d’une très nette recrudescence de cas de tuberculose et devenu sous Vichy un camp d’internement administratif avant de rouvrir ses portes en 1946 pour accueillir les derniers malades. Mathilde et son frère seront placés, la famille éclatée, éparpillée, comme mise en miettes. Maintenant, la jeune fille doit tout faire pour s’occuper de ses parents et de son frère, oui, tout faire. Se donner, s’oublier pour eux, eux qui vivent ces Trente Glorieuses comme s’ils n’en faisaient pas vraiment partie : ils n’ont pas la sécurité sociale, encore réservée aux salariés, ils n’ont pas profité du vaccin qui existe depuis 1921 et à peine des antibiotiques qui coûtent cher. A La Roche en 1952, « il n’y a rien d’autre à voir… que du malheur et des cadavres. » Cigales, ils ont beaucoup donné aux gens du village, partagé, profité, sans penser que le malheur pouvait s’abattre sur leur tête. Ainsi Mathilde qui voue depuis toujours une admiration sans limites à son père, elle qui petite, plongeait dans l’eau glacée, marchait sur le toit du château ou sur le mur écroulé du donjon tandis que son père dansait avec la sœur aînée, Mathilde prête à tout pour se faire remarquer et exister à ses yeux devra se sacrifier par amour, préserver coûte que coûte les liens, annuler les distances, « maintenir une géographie », en écrivant à chacun des membres de cette famille désormais morcelée et en se déplaçant à pied pour aller les voir, jusqu’à épuisement. J’ai attendu avant d’acheter mon Valentine Goby, je l’ai retourné dans tous les sens lorsqu’il me faisait de l’œil chez les libraires… Si quelqu’un m’avait dit : « Tiens, j’ai acheté le dernier Goby », j’aurais été verte de jalousie. Je me suis retenue, un bon mois, et puis, mercredi dernier, je suis allée le chercher… Encore quelques jours à retarder le moment fatidique et je l’ai ouvert. Dès la première phrase, j’ai su que j’y étais, que je n’allais pas être déçue et enfin, je me suis laissée aller à ce plaisir tant retardé… « Mathilde Blanc traverse le cadre des fenêtres. » Et quel plaisir…enfin… Un magnifique portrait de femme, Mathilde, celle qui « sourit toujours, par-dessus l’apocalypse », un être d’une force et d’une volonté prodigieuse, se donnant sans compter, par amour, prête à entraîner toute sa famille dans son élan vital, dans ce saut pour s’en sortir… C’est aussi la peinture d’une famille qui n’a pas profité des progrès de sa génération, des espèces de laissés-pour-compte, des êtres en marge de leur époque comme beaucoup d’autres qui n’avaient pas prévu ou qui n’avaient pas les moyens de le faire, des espèces « d’anachroniques », acteurs d’une tragédie qu’on pensait achevée. Et puis, il y a cette écriture, ce rythme, cette sensualité dans l’évocation des gens, des lieux, des choses. On a comme l’impression de les toucher, de les voir, de les sentir, d’y être… Les folles soirées au Balto, les danses endiablées, les promenades de Mathilde en forêt avec Paulot, ses courses folles dans la nature… J’ai déjà envie de m’y replonger et d’y regoûter… Immense coup de cœur de la rentrée… Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/ SOUVENIR DES REPROUVES
Le titre du roman peut prêter à confusion, ce n’est pourtant pas d’une allusion à un tableau de Magritte dont il est question dans le récit .Le mot « paquebot », Valentine Goby nous l’apprend, a désigné, dans les années cinquante les sanatoriums, en raison de la similitude de leur architecture d’avec celle des paquebots. Nous sommes dans les années cinquante, au cœur de ces Trente Glorieuses , perçues par beaucoup de nos contemporains comme l’âge d’or de l’après-guerre .Paul Blanc et son épouse Odile tiennent un café dans une localité de la région parisienne, La Roche-Guyon, Le Balto .IL y fait bon vivre, on y organise des réunions, des repas arrosés, des concerts d’harmonica assuré par Paul, dit Paulot , qui apporte à son auditoire captif un peu de bonheur ,de joie de vivre, de chaleur humaine .Ils ont trois enfants, Jacques, Annie, Mathilde .Elle est la dernière, se sent un peu illégitime car elle a su que sa venue n’était pas autant désirée que celles de ses frères et sœur .Les ennuis s’enchaînent, très vite, pour cette famille de commerçants, dont le père Paulot est bientôt atteint d’une maladie qui sera diagnostiquée comme la tuberculose .Paulot n’a pas droit à la Sécurité Sociale, comme commerçant , ce qui va constituer pour la famille un premier obstacle de taille pour lui dispenser des soins à la hauteur .Du point de vue de l’image donnée par les « tubards » , Valentine Goby rappelle très opportunément que la tuberculose terrifie à cette époque , que ce halo maléfique dont on l’entoure alors s’inscrit dans la ligne des grandes peurs du Moyen Âge : « Devant le tubard on change de trottoir, sa solitude extrême Thomas Bernhard l’appelle le froid. Par pitié pour ces exclus et contre toute logique médicale, on renonce à imposer la déclaration obligatoire de la maladie : le tubard est caché. » La famille Blanc traverse toute une série d’épreuves : les dettes s’accumulent, l’état de santé de Paulot connaît des hauts et des bas, ces derniers l’emportant bientôt sur les premiers .Mathilde, au bord du gouffre tant matériel qu’affectif tente de se suicider. Dès son réveil, à l’hôpital, elle décide de faire face à la vie, à la cruauté de l’existence, car beaucoup d’injustices subsistent dans la France de l’après-guerre : la maladie y reste une « exagération des rapports de classe », selon le mot de Sartre, qui n’est pas qu’une boutade mais aussi une réalité car le roman rappelle qu’alors, on ne soigne pas la tuberculose quand on est trop pauvre. Mathilde décide de faire front à rôle inversé : elle sera la Mère Courage de la famille Blanc : « en vérité elle raisonne comme une mère, la petite Mathilde(…) Rien n’aurait pu persuader Mathilde de renoncer à sauver les siens pour se sauver elle-même. » Valentine Goby nous décrit, à travers le personnage exceptionnel de Mathilde, une tentative réussie de sauvegarde de la dignité, une illustration de la possibilité toujours existante de l’émancipation de la femme et des corps, thème cher à l’auteur. Le style du récit est à hauteur des personnages : simple, dépouillé, écrit à la troisième personne, souvent, populaire, à la manière des dialogues d’Audiard au cinéma. Il restitue l’atmosphère de ces milieux, marqués par la gouaille, le franc-parler coloré. L’emploi de ce mode de description accentue l’épaisseur humaine des personnages ; il les fait vivre, met à note portée leur humanité sans tomber dans le piège du misérabilisme ou du naturalisme. Roman social, populaire ? Un rappel fort utile à propos de la perception des réprouvés. |
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