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L'absente
Lionel Duroy
Editions 84
août 2016
348 p. 7,90 €
ebook
avec DRM 13,99 €
La rédaction l'a lu
Ma mère, ma douleur
Comme on l’aime cet Augustin, double de l’écrivain Lionel Duroy, écorché vif, fou de littérature, aimant les femmes mais incapable de vivre longtemps avec l’une d’elles hypocondriaque capable de souffrir des heures durant sur l’un des vélos de course qu’il affectionne ! Les lecteurs qui ont dévoré« Le chagrin» , « Vertiges » et « Echapper» connaissent son histoire familiale difficile : des parents mal assortis, un père baron nul en affaires qui dilapide l’argent du ménage, une mère grande bourgeoise de Bordeaux assistant effarée à sa dégringolade sociale, d’un bel appartement de Neuilly à un taudis de banlieue où les huissiers font le siège. Et au milieu, dix enfants, « dix petits chiots » comme Duroy appelle ses frères et sœurs, la faillite, la honte, les crises d’hystérie de la mère et l’effondrement de tout un clan ….
Au début du livre, l’héritier de cette histoire difficile, Augustin donc, a tout perdu : sa maison chérie à cause d’un divorce, ses frères et sœurs qui le rejettent, ses enfants à qui il ne peut se confier … L ‘homme se jette sur les routes, à la recherche d’un refuge, dans sa vieille voiture bourrée jusqu’à la gueule : la Bretagne ou Verdun, Moulins, Nevers ou Bordeaux ? Sur son chemin, , il rencontre des personnes qui d’une conversation, d’un repas offert , d’un asile pour la nuit, d’une nuit d’amour partagée, le font encore croire à l’humanité. On aime particulièrement Sarah, lectrice compulsive, qui s’invite jusque dans la chambre d’hôtel où le pauvre Augustin essaye de reprendre son souffle, entre deux crises de panique. Ce sera dans l’écriture et les secrets de sa mère qu’Augustin, double fidèle de Duroy, trouvera le salut : en se penchant sur celle qu’il croit détester, il revisitera les secrets, les hontes, l’indicible chagrin d’une famille à la dérive. On pleure avec le héros, on l’encourage et on aimerait tant lui assurer que tout ira bien : comme à chaque fois, Lionel Duroy réussit ce coup de force de passer de l’intime à l’universel, de se dévoiler dans ses moindres hésitations et remords nombreux, tissant ainsi dans un texte d’une humanité rare et précieuse, l’écriture et la vie autour d’une mère absente mais toujours si présente .
Titre « L’absente » est paradoxal. Le roman s’articule autour d’une femme, une mère qui a certes disparu, mais sur laquelle son fils axe toutes ses pensées et même ses futurs écrits. Un road-trip sur les routes de France imposé par son divorce conduit notre narrateur Augustin à revisualiser sa vie familiale depuis son enfance. Accablé de rancœur sur sa propre vie sentimentale, il analyse celle de ses feus parents, et surtout sa mère, réduits à assumer – ou pas-, une vertigineuse décadence sociale.
Alors émerge en Augustin l’envie de mieux connaître sa mère, pivot du destin de sa fratrie et son père. Peu à peu, la réminiscence de ses souvenirs équivaut presque à une recherche psychanalytique. Ainsi, il retrace son passé : le détachement de cette mère pour ses enfants, avec la place d’un paternel effacé ou pourtant aimant, mais la déchéance sociale et financière poussant sa mère assaillie de désespoir. Au cœur de cette escapade, une réflexion sur la vie au regard de l’amour, la place du couple, le « choix » de l’être aimé, du poids social.
A partir de ces liens distendus avec sa famille maternelle, le narrateur va jouer « serré » en se faisant passer comme « homme à tout faire », un prétexte pour aborder les lieux de près. Ainsi, avec cette étiquette, il se familiarise avec un de ses nombreux cousins. Et, grâce à son habileté dans l’art de la communication, il va recueillir maintes informations auprès de ses hôtes, « employeurs » et cousins, sur sa mère. Il va relier les pièces de puzzle de son destin. De là, des secrets de famille vont jaillir au-delà de ce qu’il aurait pu penser. Ainsi, avec ces miettes du passé, il comprendra mieux « le personnage maternel » qui l’a façonné. Un beau road-trip littéraire.
Lionel Duroy revient sur son histoire familiale avec une perspective intéressante. Alors qu’il vient de divorcer pour la deuxième fois Augustin est contraint de vendre sa maison et se retrouve seul avec sa voiture, pleine de bagages et d’affaires diverses sur les routes de France, dans un grand questionnement par rapport à sa vie. Et aufil de sa route et des lieux traversés lui vient l’idée que sa mère, Suzanne, fustigée dans ses précédents romans pour son « non amour » et son hysterie face aux problèmes materiels avait peut-être de bonnes raisons de s’être comportée ainsi et que la soudaine précarité dans laquelle elle s’est retrouvée après son mariage pourrait être une excuse. Augustin cherche alors à comprendre: pourquoi aucun membre de la famille ne les a aidés alors même que sa mère venait d’une famille aisée? Comment se fait-il que cette jeune bourgeoise promise à un brillant avenir ait pu épouser et faire 10 enfants avec un terne représentant? Pourquoi ce dernier les a-t-il laissés vivre dans cette misere en promettant toujours à sa femme que ça allait « aller mieux »? Probablement parce que ni l’un ni l’autre n’ont pu faire mieux, tout simplement…Augustin va chercher à comprendre et va ainsi d’une certaine manière faire la paix avec sa mère et sortir apaisé de cette aventure. Les mystères de certains couples sont insondables et la bêtise et la méchanceté de la famille de Suzanne sont malheureusement monnaie courante dans tous les milieux. Dans cette quête, Augustin rencontrera un sympathique couple de sexagénaires, une jeune libraire totalement amoureuse de lui et il fera en quelque sorte la Paix avec sa mère en faisant sien l’adage selon lequel « on devient adulte quand on a pardonné à ses parents » (Goethe). Alors que je craignais une certaine redondance dans ce nouvel opus de Lionel Duroy consacré à sa famille, j’ai beaucoup aimé ce livre, il est optimiste et tourné vers l’avenir, il est réconfortant.