La rédaction l'a lu
Elle et luiVoilà un de mes livres préférés de la rentrée. C’est l’histoire de deux êtres qui vivent dans le même immeuble, mais que tout oppose, qui vont se rencontrer de manière fortuite, et s’aimer. Mais c’est évidemment bien plus que cela ! Lui s’appelle Ludovic. Serge Joncour a surnommé ainsi cet agent de recouvrement uniquement pour son diminutif « Ludo », à la fois ludique et solide. Car il s’agit d’un sacré gaillard d’1,95 mètre pour 102 kilos. Veuf depuis trois ans, Ludovic joue évidemment les gros bras pour cacher sa fragilité. Elle se nomme Aurore Dessage, et n’a plus du tout envie de jouer les filles sages. Mariée à Richard, un Américain aussi séduisant que brillant, et maman de jumeaux, elle peine à maintenir à flot l’entreprise qu’elle a créée et soupçonne son associé, Fabian, d’organiser la banqueroute. Mais ce qui la mine par dessous tout, ce sont les corbeaux qui ont envahi la cour de son immeuble. Ils ont saccagé ce lieu de paix qu’elle aime tant, détruit son vert paradis et fini par la terroriser. Ces oiseaux de malheur, qui symbolisent l’intrusion du sauvage dans sa vie organisée, cristallisent à eux seuls toutes ses angoisses. Alors Ludovic va les tuer. Pour elle. Et même lui offrir leur dépouille, en faisant un éventail de leurs plumes. Il y a quelque chose de chevaleresque dans ce geste, qui lie de manière irrémédiable son destin à celui d’Aurore. Ces deux-là s’aiment comme au temps de l’amour courtois, sans téléphone portable, avec des formules exquises à l’image de celle du titre, «Repose-toi sur moi ». Serge Joncour met à nu le mystère féminin avec beaucoup de pudeur. Il a compris que les femmes ne sauraient se réduire au désir ou au plaisir, à l’amour maternel ou aux étreintes passionnelles, mais incarnent tout cela à la fois. Sous sa plume, tout devient possible. Aurore va aimer comme jamais cet « homme venu d’ailleurs », si éloigné d’elle, qui ne maîtrise aucun de ses codes, mais l’écoute et la comprend mieux que personne. A lui, elle peut confier son envie de fugue, son ras-le-bol de porter toutes les casquettes de chef, de mère, de femme, de créatrice, d’infirmière, de fille docile et de belle-fille souriante. Ce roman ne se résume pourtant pas à une histoire d’amour. C’est celle d’un désordre généralisé qu’il raconte: désordre amoureux, désordre intérieur, désordre social. Serge Joncour décrit la dérive de deux êtres, qui peinent à assumer la différence entre ce qu’il sont et ce dont ils ont l’air. « Quand on paraît fort, il faut en plus se résoudre à l’être », se désole Ludovic. Originaire d’une vallée située entre le Lot et le Cantal, il se sent en exil dans ce Paris, où tout le monde se bouscule, se heurte au sens propre comme au figuré. A travers lui, l’auteur dénonce l’anonymat et la voracité des foules, la violence des villes, ces jungles qui rudoient et engloutissent les individus. On a souvent l’impression de regarder un film en lisant ce roman. Serge Joncour a le sens de la formule et de la scène, sans doute parce qu’il a travaillé pour le cinéma (il a notamment écrit le scénario de « Elle s’appelait Sarah », d’après le roman de Tatiana de Rosnay). Sous sa plume naissent des images d’une grande beauté, comme les deux pages presque totalement dépourvues de ponctuation, qui décrivent la première étreinte dans la cour. Le succès de ce livre doit beaucoup à l’idée de faire vivre les amoureux, l’un en face de l’autre, dans deux bâtiments du même immeuble. Côté chic pour Aurore, modeste pour Ludovic. La géographie des lieux reflète évidemment la barrière sociale qui les sépare. Serge Joncour instaure une proximité inaccessible, et se nourrit de cet oxymore. Un peu comme au théâtre, les amants peuvent se voir sans même avoir besoin de s’épier. Ils évoquent ceux que dessinaient Peynet, entourés d’oiseaux, prêts à tout pour se rejoindre. La distance stimule le désir, la proximité les déstabilise aussi. Aurore ressent un profond vertige quand elle regarde son appartement depuis celui de Ludovic. Parce qu’elle se retrouve spectatrice de sa propre vie, et parce qu’elle découvre ce qu’elle donne à voir d’elle à cet homme. Elle a soudain envie d’installer des rideaux à ses fenêtres, pour dissimuler ce qui se passe chez elle, mais surtout en elle. Du roman de Serge Joncour émane autant de poésie que de violence. Comme dans la vie, somme toute.
Les internautes l'ont lu
coup de coeur
Incandescence
Ce roman auquel a été attribué le « Prix Interallié » est bien dans l’esprit des créateurs de cette récompense.
coup de coeur
nuit blanche
Un bijou
Aurore Dessage est une styliste prometteuse, la quarantaine. Elle est mariée à un riche homme d’affaires américain se dévouant corps et âme à son business. Elle est maman de jumeaux de six ans. Elle a apparemment tout pour être heureuse. Mais Aurore a la boule au ventre, elle a peur car son associé lui met des bâtons dans les roues, magouillant pour prendre le contrôle de l’entreprise. Aurore est perdue et lorsqu’elle rentre chez elle aussi elle a peur car de vilains corbeaux ont envahi la cour de son immeuble. Son espace arboré qu’elle adorait s’est transformé en jardin de la peur. Elle déteste ces corbeaux noirs qui croassent lorsqu’elle rentre. Elle se sent menacée, angoissée. Ludovic, 46 ans, 1m95, 102 kilos. C’est un colosse aux pieds d’argile, un ours maladroit, un dur d’apparence au grand coeur. Il a quitté son Célé natal il y a trois ans. Quittant tout, fuyant la perte de l’amour de sa vie. Il y a trois ans, Mathilde est morte terrassée par un cancer, la faute aux phytos utilisés dans l’agriculture, il en est convaincu. Il a quitté son exploitation agricole laissant sa maman vieillissante, perdant ses repères avec sa soeur et son beau-frère. Il fallait partir, impossible de vivre tous de l’exploitation, la vie est difficile. Il pensait qu’en venant à Paris il ne serait pas seul en ville, mais Paris c’est la solitude avant tout, on y regarde les gens qui nous entourent comme une affiche, sans plus. Il est devenu recouvreur de dettes, car il faut qu’il bouge, impossible pour lui de rester dans un bureau. Il vit dans l’immeuble en face de celui d’Aurore. Un immeuble très moderne contrairement au luxueux immeuble d’en face. Il traverse la cour lui aussi pour rentrer chez lui. Ils n’ont rien en commun, venant chacun d’un monde opposé, Aurore est ce qu’il exècre. Leurs immeubles se faisant face, cette cour qui fait penser à l’univers « Hitchcockien » « Fenêtre sur cour » ou encore « Les oiseaux » car ces corbeaux noirs qui prennent possession des lieux sont terrifiants pour Aurore. Ludo aime rendre service et il débarrassera les lieux de ces volatiles. Peu à peu, ils se croiseront et deviendront attirés l’un vers l’autre comme des aimants. Une rencontre émouvante, une histoire d’amour naissante ? Une épaule sur laquelle se reposer ? Je découvre la plume de Serge Joncour et quelle belle découverte. Alternant descriptions et dialogues, les pages se tournent rapidement. L’écriture est intense, intimiste, tendre, poétique, drôle et touchante. Oui tout cela à la fois, Serge Joncour a une écriture subtile et son titre est bien choisi, vous le comprendrez en fin de récit. Il va dans la profondeur de l’âme et de la psychologie des personnages en opposition, mettant en avant les failles et la fragilité de chacun. Il met en avant de vrais sujets de société : la solitude, la famille, la campagne versus la ville, les crises existentielles de chacun. C’est profond, rempli d’humanité et d’amour. Une très belle découverte de la rentrée, un livre qui m’a émue. Une plume que je vous conseille vivement et que je vais creuser de mon côté. Un joli ♥ Les jolies phrases Ludovic reste d’un flegme total. Le calme c’est ce qu’on peut opposer de pire à quelqu’un qui vous agresse aussi rudement. Une famille, c’est comme un jardin, si on n’y fout pas les pieds ça se met à pousser à tire-larigot, ça meurt d’abandon. Vivre, c’est se rapprocher de ce que l’on est, et toi Aurore tu es tout sauf une femme d’affaires, c’est beaucoup trop violent, je suis bien placée pour le savoir, le business c’est soit tu bouffes les autres, soit tu te fais bouffer … Parfois, à des petits carrefours inattendus de la vie, on découvre que depuis un bon bout de temps déjà on avance sur un fil, depuis des années on est parti sur sa lancée, sans l’assurance qu’il y ait vraiment quelque chose de solide en dessous, ni quelqu’un, pas uniquement du vide, et alors on réalise qu’on en fait plus pour les autres qu’ils n’en font pour nous, que ce sont eux qui attendent tout de nous, dans ce domaine les enfants sont voraces, avides, toujours en demande et sans la moindre reconnaissance, les enfants après tout c’est normal de les porter, mais elle pensa aussi à tous les autres, tous ceux face auxquels elle ne devait jamais montrer ses failles, parce qu’ils s’y seraient engouffrés, ils ne lui auraient pas fait de cadeaux. Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment. Même si ce manque d’amour c’était un gouffre en lui, c’était comme un lac qui se serait vidé par le fond, et toute cette force vitale qu’on trouve à aimer, à désirer, à embrasser l’autre, à y penser, il savait bien que maintenant il faudrait faire sans, jusque-là il avait fait sans, et ce n’était pas à Paris qu’il rencontrerait quelqu’un. Quand d’un coup on s’embrasse, c’est que vraiment on n’en peut plus de cette distance, même collés l’un à l’autre on a la sensation d’être encore trop loin, pas assez en osmose, de là vient l’envie de se fondre, de ne plus laisser d’espace. Cette femme représentait bien tout ce qu’il détestait de Paris, tout ce qui le rejetait, tout ce qu’il aurait dû fuir, et pourtant elle l’attirait. Tout d’elle l’attirait. Tu sais, Aurore, faire du business c’est comme monter sur un ring, faut tout de suite donner des coups, sans quoi c’est toi qui en prends. Et encore, sur un ring tout le monde voit ce qui se passe, au moins c’est clair, alors que dans le business tous les coups se font par en dessous, ça ne m’étonnerait pas de Fabian. Être fort, c’est ne pas prendre la mesure du danger, le sous-évaluer, consciemment, tandis qu’être faible, c’est le surestimer, mais l’autre soir, il s’était fait peur. Aux premiers moments d’une histoire, l’idée de l’autre obsède, on y pense tout le temps, ce qu’on a vécu avant n’existe plus, le passé cette chose insignifiante et prodigieuse qui s’est contentée de nous amener là, comme si vivre n’avait servi qu’à ça, à ce besoin de retrouver l’autre. Quitter c’est se redonner vie à soi, mais c’est aussi redonner vie à l’autre, quitter c’est redonner vie à plein de gens, c’est pour ça que les hommes en sont incapables, donner la vie est une chose qu’ils ne savent pas faire. Retrouvez Nathalie sur son blog les bons sentiments
Je ne sais pas si c’est de l’amour, du désir amoureux ou du désir tout court. Mais c’est l’attention que l’on porte à quelqu’un et la volonté d’aider, de partager, de rendre service, « un homme qui donne du courage, qui vous soutient quand les vôtres ne pensent même plus le faire ». En lisant les diverses chroniques, je m’aperçois que c’est cette trame qui a plu aux lecteurs et surtout aux lectrices : le sentiment de pouvoir se reposer (enfin) sur quelqu’un. Le roman de Serge Joncour fait du bien, il rassure et réchauffe le coeur. Mais, réduire ce texte à cela, c’est oublier les qualités d’écriture de l’auteur et son extrême générosité mais également son humour. Mais Ludovic, solide gaillard au grand coeur, cet homme généreux, n’est-il pas l’auteur lui-même, un Serge Joncour déguisé qui exprime ses bons sentiments ?
coup de coeur
Repose-toi sur moi, une rencontre explosive!
Fort souvent la rencontre fortuite de deux personnes qui, à priori, n’ont rien de commun donne un résultat intéressant. Le filon a beaucoup été utilisé au cinéma, il est ici au cœur du nouveau – et formidable – roman de Serge Joncour. «L’écrivain national» dresse tout d’abord le portrait de Ludovic, aussi impressionnant par ses mensurations que posé dans son attitude, une sorte d’ours solitaire mais zen, qui vient de la vallée du Célé dans le Lot et travaille à Paris ou plus souvent en banlieue. Il est chargé de recouvrer des dettes auprès de particuliers. Un métier difficile, mais qui lui convient mieux que de rester enfermé dans un bureau. De l’autre côté de son petit appartement vit Aurore, son mari, et ses deux enfants. Elle conçoit des modèles pour une entreprise de prêt-à-porter, jongle avec ses rendez-vous et l’emploi du temps de ses enfants et croise à peine un mari qui est plus souvent occupé à ses affaires, brasser des millions, que soucieux du bien-être de sa famille. Quand Aurore croise Ludovic, elle prend peur. Cet homme imposant ne lui dit rien qui vaille. Il va toutefois se montrer avenant et l’aider à se débarrasser de corbeaux qui ont envahi la petite cour. En montant l’escalier pour le remercier, elle va croiser une voisine à laquelle elle n’avait pas vraiment fait attention et se rend compte combien sa vie, comme des milliers de Parisiens, se passe à courir sans vraiment s’intéresser aux autres. Et que cet homme est justement l’antithèse de ceux qu’elle côtoie au quotidien, capable d’actes désintéressés, capable d’attention. Un refuge. D’ailleurs c’est Ludovic qui sera là le jour où le chauffe-eau a brutalement lâché et qu’une inondation menaçait l’appartement puis l’immeuble tout entier. Aussi est-ce presque malgré eux qu’ils vont aller l’un vers l’autre, attirés par une soif commune de remplir le vide de leur existence. « En se serrant contre cet homme, en s’y plongeant avec tout ce qu’elle mobilisait de forces, elle embrassait l’amour et le diable, la peur et le désir, la mort et la gaîté, elle avait la sensation de se perdre en plein vertige dans ces bras-là, d’être embarquée dans une spirale qui n’en finirait jamais de les avaler. Désormais ils n’étaient plus neutres tous les deux, ils n’étaient plus ces deux amants fugaces que tout sépare. Â compter de ce jour, elle se sentait irrémédiablement liée à cet homme, de fait ils étaient enchaînés, ligotés, réunis…» Chevalier servant et chevalier blanc, Ludovic va alors aussi aider Aurore lorsque cette dernière se verra confronter à une basse manœuvre de son associé afin de l’évincer de la société qui porte son nom pour produite à bas coût à l‘étranger et étendre la gamme des produits. Avec un associé lui aussi sans scrupules, il veut faire de la marque «Aurore Dessage» une machine à cash. Des adversaires qui sont d’un autre calibre que sont que Ludovic côtoie chaque jour. Il va bien vite s’en rendre compte, mais voudra mettre un point d’honneur à faire plier les escrocs. Un jeu dangereux qui va finir par mettre en péril les deux amants. On savait Serge Joncour excellent observateur de notre quotidien, sachant parfaitement mettre en scène les milieux qu’il décrit sans oublier les détails qui crédibilisent le récit. Avec le sens de la formule qu’on lui connaît, il ajoute encore une dimension supplémentaire à ce roman, à savoir une tension palpable dès les premières lignes et qui ne quittera pas le lecteur jusqu’au bout, si bien qu’on ne voit pas passer les 427 pages qui mènent à l’épilogue. Du très grand art que j’imagine bien voir récompensé par un Prix littéraire, même si les jurés du Goncourt ne semblent pas encore l’avoir lu jusqu’ici. Retrouvez Henri Charles Dhalem sur son blog
coup de coeur
Amour total
En fermant le dernier roman de Serge JONCOUR « Repose-toi sur moi », les paroles d’une chanson me trottent dans la tête… « C’est un beau roman, c’est une belle histoire… ». J’aurais envie de dire, c’est même beaucoup plus que ça. De l’auteur, je n’ai pas tout lu, mais à chaque fois, son écriture m’a fascinée. Je pense notamment à « L’amour sans le faire », et son personnage principal, Franck, véritablement bouleversant. Ici, c’est Ludovic le héros, gentil géant de 102 kilos pour 1m95. Veuf, il a quitté sa campagne du Sud-Ouest pour monter à Paris et travailler dans une société de recouvrement de dettes. Dans sa cour d’immeuble, il rencontre Aurore, une voisine certes, mais pas du même escalier, mais à cent lieues de sa vie, de son univers. Elle est styliste, mariée à Richard un brillant ingénieur américain et maman de jumeaux. Elle est belle, fine et toujours élégante quand lui ne trouve pas de vêtements à sa taille. Et alors… N’imaginez pas pour autant une histoire à l’eau de rose. Serge Joncour ne parfume pas ses textes de cette fragrance. C’est beaucoup plus fin, plus tendre, c’est ciselé, gracieux et profond à la fois. J’ai aimé son écriture changeante. Elle peut être poétique « Elle se disait qu’à chaque fois qu’ils se verraient ce serait une pure parenthèse, comme un dépaysement, des îlots parsemés dans sa vie, elle passerait d’île en île, attendant la prochaine dans le souvenir de la précédente ». Puis elle passe en mode humour et nous entraîne dans la cabine d’essayage d’un Monoprix où Ludovic se trouve en prise avec pantalons et jeans qui décidément ne veulent pas de lui. Elle se fait tendre pour décrire les caresses, crue dans certaines scènes de sexe ou violente quand Ludovic sort de sa placidité habituelle. J’ai aimé le regard porté par l’auteur sur ses personnages, un regard objectif, sans jugement, bienveillant. J’ai aimé ces personnages plus ambigus qu’il n’y paraît, forts et faibles en même temps. J’ai aimé l’art avec lequel le romancier décrit le vertige amoureux, les rapports sur le fil, les peurs et la tolérance. Il n’a pas son pareil pour nous parler de la vie actuelle, des difficultés des agriculteurs croulant sous les dettes, des hommes d’affaires toujours prêts à écraser leur voisin pour prendre sa place, des pauvres gens endettés. L’amour, chez cet auteur n’a rien de fade, rien de banal. Il est lumineux et total, fait fi des différences et défie les vicissitudes de la vie. Il nous emporte, nous fait rêver, nous redonne le moral et foi en l’humanité. J’avais raison : « C’est un beau roman, c’est une belle histoire… » et même beaucoup plus que ça. |
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