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Bleus à l’âmeC’est déjà son sixième texte et, une fois encore, Hugo Boris nous surprend. Après son très beau « Trois grands fauves » dans lequel il mettait en scène avec talent Victor Hugo, Danton et Churchill, ou le fort remarqué « Je n’ai pas dansé depuis longtemps », place aujourd’hui à un huis-clos étouffant avec Virginie, Erik et Aristide. Ce trio de gardiens de la paix se retrouve un soir à devoir accomplir une mission qui fera voler en éclats quelques-unes de leurs certitudes et les poussera à s’interroger sur le sens de leur travail. Le quotidien, fait d’habitudes autant que de dérapages personnels, chacun d’eux le maîtrise. Mais lorsque les trois flics se retrouvent à convoyer un homme vers Roissy, tout vacille. Reconduire à la frontière ce Tadjik, c’est le condamner à mort. Vont-ils obéir aux ordres ? Ecouter leur conscience ? Rien ne se fera comme ils l’espèrent. « Elle est allée perdre sa tranquillité d’âme dans les mauvais lieux, obligée de vivre au-dessus de l’étonnement, de tout connaître du pire de l’existence (…) elle se demande toujours comment elle n’a pas les yeux sales (…) », écrit Hugo Boris pour décrire Virginie. Chacun de ces trois flics montrera son vrai visage dans ce texte qui interroge moins sur le fonctionnement de l’appareil judiciaire et administratif qu’il n’appelle à réfléchir sur sa part d’humanité. Ecouter sa conscience, son libre-arbitre… ou composer avec un jeu mal distribué dès le départ ? Rien n’est tranché dans cette courte fiction aux allures de film noir.
Les internautes l'ont lu
coup de coeur
nuit blanche
mission (in)humaine
« Ce soir, son équipage a accepté une mission hors circonscription qui va déborder l’horaire de fin de service ». Virginie, qui vient de reprendre le boulot après un congé parental, ne rentrera pas tôt chez elle, elle le sait mais a accepté la mission, sans en connaître la teneur. Avec Erik et Aristide, ils doivent convoyer un clandestin Tadjik à Roissy pour le mettre dans un avion et retour dans son pays d’origine. Normalement c’est la COTEP qui s’en charge, mais… Voilà pour l’action. Qu’est-ce qui pousse Virginie à ouvrir l’enveloppe contenant le dossier d’Asomidin Tohirov ? Est-ce la personne de l’ASSFAM qui lui sort le panégyrique du Tadjik, militant des droits de l’homme dans son pays ? Toujours est-il qu’elle cogite, qu’elle enlève les menottes dans la voiture, qu’elle a envie qu’il s’enfuit qu’elle…. Le huis-clos entre les trois flics et le réfugié monte en intensité, des bulles éclatent et, à la fin, une question qui me taraudait et me taraude encore. Comment vivre avec tout ça ? Comment supporter certaines missions ? Le monde n’est pas manichéen comme voudraient nous le faire penser certaines personnes. Derrière un réfugié, il y a une histoire, une vie, une humanité. Les trois devront vivre avec cela, en plus du reste. J’ai aimé cette plongée en apnée dans le corps et l’âme de Virginie qui porte avec elle son sac à emmerdes un peu chargé par la faute d’Aristide et la sienne. Elle est enceinte d’Aristide et soit avorter le lendemain de la mission. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les hormones et tout le tralala, non, non et non. Hugo Boris déroule son récit sans vouloir nous faire pleurer, mais sans état d’âme, il décrit, évite les écueils sentimentalistes. Je suis sur la banquette arrière avec Virginie, Erik, Aristide et Asomidin. Je sens leur fatigue, leur manque de sommeil. Je comprends leurs réactions hors de toute logique tout comme la peur panique du réfugié. Ils sont rentrés tard ce soir-là, ou envolés et compris, n’ont pu dormir de suite. Pour les accompagner au bout de leur mission, j’ai passé une nuit blanche que je ne regrette pas. Ce n’est pas un polar mais un livre sur trois policiers en uniforme dans leur boulot quotidien. C’est du lourd, un coup de cœur. Retrouvez Zazy sur son blog |
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