Les internautes l'ont lu
nuit blanche
La blanche qui noircit tout
Sous-titré « La face noire de la blanche », ce premier livre de Lolita Sene, qui se cache derrière le prénom de Juliette pour se raconter, est le récit d’une descente aux enfers qui prend les allures d’une intégration pétillante et joyeuse dans le monde parisien de la nuit. Les journées de Juliette deviennent de plus en plus courtes, ses nuits de plus en plus longues, elle se met à mépriser ceux qui occupent les leurs à dormir – les nuits blanches n’ont jamais aussi bien porté leur nom. « J’ai toute la vie », pense-t-elle avec l’insouciance de son âge. Mais quelle est la véritable consistance du présent quand tout est biaisé ? La cocaïne, cette drogue qu’on a aimé faire rimer avec réussite, performance et créativité, que certains milieux ont totalement banalisée, qui donne l’impression de maîtriser son corps et sa vie alors que c’est précisément l’inverse, se fait festive avant de devenir un antidépresseur lorsque l’organisme s’y est habitué. Lolita/Juliette raconte l’accoutumance qui s’installe imperceptiblement, le craving, cette furieuse envie de coke qui vient avec l’alcool, les descentes qui empirent, de plus en plus vertigineuses, les chemical relationships, amitiés ou amourettes nées autour de la drogue et qui ne tiennent que par elle, la prise de conscience, la décision d’arrêter qui se heurte à l’incompréhension de l’entourage, la honte tenace de ne plus rien prendre, de passer pour une fille rangée, une oie blanche, et les rechutes, les « juste une » qui refont plonger dans la spirale infernale, la blanche qui noircit tout. Son livre est aussi la peinture du milieu dans lequel évolue la narratrice, celui de l’événementiel, des soirées, de la musique, où l’on paye tout naturellement une jeune femme en cocaïne pour qu’elle pose nue sur la pochette d’un disque. C. est la trajectoire d’une jeune femme qui grandit une paille à la main, qui en quelques années « vieillit avec fulgurance », et c’est aussi un avertissement quant à cette drogue dont on oublie facilement qu’elle en est. Édifiant. Retrouver Sophie Adriansen sur son blog Retrouvez Sophie sur son blog |
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