Ecrit et publié aux Etats-Unis deux ans avant le « Extrêmement fort et incroyablement près » de Jonathan Safran Foer (« Extremely loud and incredibly close» ), le roman de Joyce Maynard s’attache à décrire le processus de deuil d’une adolescente après les attentats du 11 septembre. Chez Foer, le jeune Oskar Schell nous invitait à une merveilleuse et bouleversante promenade dans New-York, enquêtant sur la disparition de son père. Chez Joyce Maynard, il y a plus d’attention portée aux sentiments, complexes, de son héroïne de treize ans, Wendy, et à sa fuite en avant. Délaissant son beau-père et son petit frère pour trouver refuge auprès d’un père biologique qui s’était plutôt fait remarquer par son absence jusqu’alors, l’adolescente tente d’avancer, sans les repères et « règles d’usage » que sa mère mettait en place pour elle, dans un foyer en recomposition.
Une ode à la vie hippie
Lors de sa parution outre-Atlantique, il a parfois été reproché à l’auteure de surfer sur la vague de ce drame national. Un procès d’intention qui n’est pas le premier, tant Joyce Maynard déroute depuis qu’elle a écrit sur la relation « amoureuse » qu’elle eut avec l’icône J.D. Salinger (lui 53 ans, elle 18). La force de ce roman n’est pas tant dans le descriptif du travail de deuil que dans la tendresse et l’amusement ressentis envers Wendy. Son apprentissage d’une existence sans surveillance parentale, en Californie, a des airs d’ode à la vie hippie façon seventies. Les petits mensonges dont elle use sont vite oubliés au profit d’un attachement sincère à cette drôle de gamine qui grandit, au gré de rencontres singulières. Ici un père libraire dont le fils est handicapé mental, là une ado paumée déjà mère. Ces personnages secondaires émeuvent et amusent. Deux sentiments qui perdurent une fois terminée la lecture de ce très beau roman.
