Un drôle de type que cet Avraham Avraham, commandant de police en banlieue de Tel-Aviv. Pas encore quarante ans, célibataire, très proche de ses parents qui ne s’entendent pas plus que ça entre eux (et qui n’ont pas été des parents très tendres), a priori pas plus doué que ça dans son boulot et un passe-temps assez curieux, refaire pour lui-même les enquêtes des romans, films et séries policiers. Un soir, alors qu’il allait partir dans pas longtemps, une mère vient signaler la disparition de son ado, qu’elle n’a plus vu depuis le matin; il la rassure vaguement et lui conseille de revenir le lendemain si nécessaire, persuadé que le jeune homme se montrera d’ici là. Enfin, persuadé, pas tant que ça, puisqu’immédiatement, la culpabilité se met en branle – et s’il s’agissait d’une vraie disparition, ne perdrait-il pas un temps précieux ? De fait, Ofer est toujours absent le lendemain et l’enquête commence… C’est un régal de se faire emmener tout du long vers des fausses pistes, d’autant plus qu’elles demandent un réel investissement de la part du lecteur. Dror Mishani ne mâche aucun travail et propose une profondeur d’esprit à laquelle on est peu habitué en terme de romans policiers, loin de tout rebondissement spectaculaire. Pourtant, on est à mille lieux de percer la double révélation qui surgit finalement, et on partage intégralement les bouillonnements de notre commandant. Il est par ailleurs très agréable de plonger dans le quotidien israélien, et les deux petits mots magiques qui ferment les 380 pages promettent d’autres belles heures de lecture : « A suivre. »