Alors que le fastueux « Gatsby le magnifique » de Baz Luhrmann vient de sortir sur les écrans, il est amusant de se pencher sur la personnalité de son auteur. Qui était Francis Scott Fitzgerald ? Le double de Jay Gatsby ou bien un homme beaucoup plus complexe ?
Liliane Kerjan dénoue les fils dans une enquête menée tambour battant.
Ce que l’on sait de Fitzgerald est qu’il provenait d’un milieu désargenté et qu’il n’eut de cesse de s’élever socialement, qu’il écrivit, qu’il s’éprit de Zelda Sayre, sa muse et son démon, que le couple mena une vie trépidante « plus grosse que le Ritz ». Avides de nouveauté, « les enfants du jazz et du gin » qu’étaient Scott et Zelda écumaient toutes les réceptions de la côte Est des Etats-Unis ou des villas huppées de la Riviera, étaient à tu et à toi avec l’intelligentsia parisienne des Années Folles. Dispendieux, extravagants, brillants et beaux, ils incarnaient des héros modernes, lui écrivain à succès, elle la Garçonne. Mais derrière cette façade chatoyante, l’envers du décor était autrement plus sombre. L’alcool, les problèmes financiers érodèrent rapidement Scott. Quant à Zelda, son excentricité dissimulait une lourde psychose. Et cette histoire s’acheva en tragédie. A 44 ans, Scott fut emporté par la maladie « les poches pleines de promesses et le cœur plein d’espoirs » avec 10 000 dollars en banque. Huit ans plus tard, Zelda disparaissait dans l’incendie de l’hôpital psychiatrique où elle était enfermée depuis de nombreuses années
Ce texte ne serait qu’une nouvelle étude sur un auteur dont on a déjà abondamment parlé si Liliane Kerjan ne s’était pas attachée à l’écrivain, ce styliste hors pair qui mieux que personne sut capturer son époque et restituer la magie des lieux. Comme il le disait lui-même : « L’histoire de ma vie est celle du conflit entre un besoin irrésistible d’écrire et un concours de circonstances acharnées à m’en empêcher ». A la suite de Liliane Kerjan, on pénètre dans l’intimité de l’écrivain qui « exploitait les péripéties de sa vie dans ses nouvelles », « qui aimait le mot et la musique » qui a l’instar de Flaubert lisait ses textes tout haut. On s’approche aussi d’un homme qui fut un père aimant, un époux loyal et un être courageux.
En refermant cette biographe enlevée et attachante, une seule envie : se plonger sans attendre dans « L’envers du paradis », « Un diamant gros comme le Ritz », « Les heureux et les damnés » et bien sûr « Tendre est la Nuit ».