Les internautes l'ont lu
nuit blanche
L’éveil… une épreuve douloureuse
Difficile de ne pas voir défiler des images du film L’amant de Jean-Jacques Annaud en lisant ce premier roman. Parce que l’action se déroule à Hanoï, parce qu’il s’agit d’une histoire d’amour, parce que le climat humide et chaud y joue aussi un rôle, ainsi que les chambres non-climatisées. Ajoutons-y une certaine oisiveté et le jeu des différences sociales. Mais si le film – et le livre éponyme de Marguerite Duras – servent à planter le décor, l’histoire est bien différente. Cette fois, on va suivre la vie de quatre expatriés dans la capitale vietnamienne. Deux jeunes filles, Juliet l’Australienne et Laura la Française et deux hommes, l’un est Français et un peu plus âgé. Son identité ne sera pas dévoilée. L’autre est son ami et confident Raphaël. C’est lors d’une soirée organisée par un certain Monsieur Klin pour les cinquante ans que Juliet rencontre le Français. Il est serveur à L’Ermitage, l’hôtel où se déroule la fête (pour ceux qui connaissent Hanoï, on peut imaginer que l’auteur s’est inspirée de l’Héritage, situé dans le quartier décrit). Après une soirée bien arrosée, elle s’accroche au bras de cet homme et finit par le suivre chez lui, dans son petit appartement de la vieille ville. Line Papin donne successivement la parole à l’un et à l’autre. Ce qui nous permet de voir Juliet à la fois surprise de se retrouver au petit matin dans cette chambre inconnue et amoureuse de cet homme. Ce qui n’est pas vraiment le cas de son amant Français tout aussi surpris, mais qui considère leur relation plutôt comme un joyeux divertissement. Cette nouvelle relation est aussi pour lui l’occasion d’oublier ses soucis. Il doit éviter de rencontrer son propriétaire à qui il doit des arriérés de loyer et en a assez de subir les invectives de son patron. Il va du reste finir par rendre son tablier. Juliet, fille de l’Ambassadeur d’Australie, n’a pas de tels soucis et peut se réjouir de cette démission, afin de pouvoir profiter davantage de «son homme». Sauf que ce dernier rencontre Laura dont la beauté autant que l’aura mystérieuse qu’elle dégage le fascine. Raphaël se rend bien compte du danger et tente bien de mettre son ami en garde «avec elle, tu es foutu». Mais on sait bien que le danger peut avoir un effet aphrodisiaque. Comme Juliet s’accroche, voilà notre homme engagé dans une double histoire dont on sent bien que ni l’une ni l’autre ne sont faites pour durer… Tout comme la vie d’expatrié. D’autant plus que le drame vient se greffer à la comédie de mœurs. Sensible et sensuel, voilà un premier roman au goût aussi acidulé que les fruits exotiques du marché d’Hanoï. De ceux que l’on goûte avec le plaisir de la surprise et dont on deviendrait vite addict. Retrouvez Henri-Charles Dahlem sur son blog |
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