l a c r i t i q u e i n v i t é e Catherine Fruchon-Toussaint (RFI) a aimé « Guadalupe Nettel écrit avec une grâce bouleversante. Son troisième roman traduit en français par François Martin sous le titre « Après l’hiver » est un nouvel exemple éclatant de son talent. De Paris à New-York, du Mexique à Cuba, elle dresse ici une cartographie littéraire et sentimentale qui, au début, ne se connaissent pas, racontent, l’une de France, l’autre des Etats-Unis, cette impression étrange à vivre loin de chez soi dans un exil plus ou moins volontaire. Si Cécilia, double romanesque de l’auteur qui elle aussi a quitté le Mexique pour étudier à Paris, souffre d’une grande solitude, Claudio le Cubain revendique avec arrogance son choix à l’image de son attitude odieusement macho avec sa maîtresse américaine. Si le hasard d’amis communs leur permet de se croiser ce ne sera pas à la faveur d’une histoire d’amour. Dans l’univers de Guadalupe Nettel rien n’est aussi simple ou facile. Emportés par leur passé et leur fêlures, ces deux êtres vont finalement apprendre chacun de leur côté à supporter une existence qui n’est pas idéale mais qui est la leur, traversée par la maladie et le deuil. Grave, mélancolique, ce roman échappe pourtant à toute forme d’apitoiement, la cocasserie surgit même à l’improviste. Au delà de l’histoire, c’est surtout l’écriture qui saisit par l’atmosphère lente, flottante, émouvante qu’elle créé et où chaque détail vient avec justesse compléter un tableau en pointillé. Le tableau d’une vie endormie par le froid de l’isolement, mais qui pourrait se réchauffer « après l’hiver ». Propos recueillis par Pascale Frey |
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