Sorcières, empoisonneuses, pétroleuses, communardes, infanticides, traîtresses, ou tondues à la Libération, toutes ont été traînées devant les tribunaux et lourdement jugées. Qui sont ces criminelles dont une pléiade d’historiens et de conservateurs des Archives nationales ont exhumé les procès-verbaux de leurs interrogatoires ou les minutes de leurs procès ? Dans sa courte préface, Elisabeth Badinter montre qu’une « femme honorable » reste à la place qui lui est assignée alors que la « présumée coupable » est celle qui a défié la norme : Jeanne d’Arc est coupable de s’être emparée du pouvoir militaire, Marie-Antoinette du pouvoir politique. Mais la justice des hommes ajoute une peine particulière au sexe en les humiliant : Jeanne d’Arc monte sur le bûcher dans une robe transparente, Marie-Antoinette accusée d’inceste est représentée dans des scènes pornographiques, la tête des femmes accusées de « collaboration horizontale » est rasée.
La justice au féminin
Pour raconter la « justice au féminin », près de 330 brefs extraits de procès-verbaux d’interrogatoires et d’illustrations (peintures, gravures, photos) sont rassemblés dans un superbe ouvrage et complètent intelligemment la visite sur le même thème de l’exposition « Présumées coupables XIV-XXe siècles » qui aura lieu à l’Hôtel de Soubise, au cœur du Marais, du 30 novembre 2016 au 27 mars 2017. A ne pas manquer.