Ce premier roman salué lors de sa parution en Amérique, tant pour son propos que pour sa maîtrise de l’écriture, est proposé par une toute jeune femme, Sara Novic. Née aux Etats-Unis, c’est en Croatie où elle a vécu un temps et où elle a de la famille, que Sara a puisé de quoi camper le personnage d’Ana. La scène d’ouverture, magistrale, donne le ton : « A Zagreb, la guerre a commencé pour une histoire de paquet de cigarettes (…) ».
Serbes ou croates ?
Ce jour-là, Ana court pour acheter un paquet pour son oncle, un jeu entre eux depuis longtemps, et la gamine de dix ans ne comprend pas la question du buraliste : « Serbes ou Croates ? ». A cet âge, comment deviner ce que cache une telle formulation… « Vous savez, le paquet doré », répond Ana, impuissante, qui repart sans les cigarettes. La fin de l’enfance La guerre qui gronde puis éclate entraîne Ana, sa petite sœur Rahela, leurs parents et proches dans une tourmente qui signe la fin de l’enfance, la fin d’un pays aussi. A l’amitié de gosses entre Ana et Luka, conspirateurs à la petite semaine dans une ville au bord du chaos, succède un quotidien de violence et de survie après un épisode dramatique. New York en 2001, Ana est désormais étudiante à Manhattan, ne disant mot à quiconque de cette partie de sa vie. A l’occasion d’un témoignage effectué à l’ONU, tout la rattrape. Il est temps d’affronter son passé, de retourner en Croatie, dix ans après l’exil. Retrouver les vivants, confronter ses souvenirs à la réalité, redécouvrir une région et des habitants qui ont traversé ce conflit sans toujours pouvoir fuir, vont redéfinir la personnalité d’Ana. Un livre fort dans lequel il est autant question de résilience, de devoir de mémoire que de construction identitaire et de renaissance. Une romancière à découvrir et à suivre, assurément !