Vassili Golovanov
Editions Verdier
litt russe
janvier 2008
505 p.  29,50 €
 
 
 

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illustration Brigitte Lannaud Levy

 

Attention librairie culte, fondée il y a presque 20 ans par un génial libraire québécois : Pierre Landry. Inconscience ou folie douce, ce passionné de littérature a fait le pari d’ouvrir son enseigne avec trois cents livres qu’il avait lus et aimés. D’où le nom  « Préférences »  comme une bannière qui affirme sa volonté, ses choix, mais qui est aussi un vibrant hommage au recueil de textes de Julien Gracq qu’il admire.  Aujourd’hui, sa librairie en est à quinze mille titres et une politique de sélection assumée depuis toujours « sans office et sans retour ».  En 2015, pour des raisons de santé, cet infatigable lecteur-libraire qui lit quatre à six heures par jour a été contraint de passer la main.  Avec son obsession de la transmission, Pierre Landry a construit plus qu’une librairie, une sorte de bibliothèque idéale pour les amoureux des livres. Et ce grand seigneur des mots qui est né sous une bonne étoile a trouvé en digne héritière Valérie Moratille-Limoujoux dont la volonté première en reprenant les lieux est de faire rayonner les valeurs et l’esprit de son  singulier créateur.

Quel est le roman français qui vous a particulièrement plu cette rentrée ?

« Au pays de la fille électrique » de Marc Graciano (José Corti). On est obligé de signaler que le prologue de cette histoire est d’une rare violence. On y assiste au viol d’une jeune fille. Ces vingt premières pages dans la tonalité d’« Orange mécanique » ne sont pas gratuites et sont une épreuve nécessaire pour lire la suite, d’une puissance narrative et d’une beauté stylistique époustouflantes. Je l’ai lu d’une traite comme magnétisée.

Et du côté des étrangers ?

« Comme l’ombre qui s’en va » d’Antonio Muñoz Molina (Seuil). Ce livre entrelace la cavale de James Earl Ray, l’assassin de Martin Luther King qui se cache à Lisbonne en 1968 et l’auteur lui-même qui se remémore son voyage dans la capitale portugaise alors qu’il essaye d’écrire son roman « L’hiver à Lisbonne ». Une véritable plongée dans la tête du tueur et de l’écrivain.

Y a-t-il un premier roman qui vous a marquée ?

« Monsieur Origami » de Jean-Marc Ceci (Gallimard). C’est un texte très dépouillé sur un Japonais maître de l’Origami fabricant de papier Washi, venu s’installer en Toscane par amour pour une belle Italienne. C’est une sorte de conte raffiné sur le silence et l’attente. Une fable très élégante qui porte à réfléchir et méditer sur la meilleure façon d’élever son âme.  Une lecture qui fait du bien.

À qui auriez-vous donné le prix Goncourt ?

À « Règne animal » de Jean-Baptiste Del  Amo (Gallimard). L’histoire d’une exploitation familiale sur cinq générations qui traversent les guerres, les crises et la violence industrielle.  Un texte radical et âpre sur le rapport entre les hommes et les animaux, dont les destins se confondent.

Quel aura été selon vous le grand livre de l’été 2016 ?

Pour beaucoup de confrères, c’est « En attendant Bojangles » d’Olivier Bourdeaut (Finitude). Mais pour nous, notre grand chouchou est Franck Bouysse et son roman noir « Grossir le ciel » (Livre de poche). Une histoire en milieu rural très bien écrite à découvrir de toute urgence. Une lecture sous tension permanente.

Quel est le livre le plus emblématique de la librairie?

Sans hésiter le livre qui tient le plus à cœur à Pierre Landry et que l’on met toujours en vitrine : « Eloge des voyages insensés » de Vassili Golovanov (Verdier). Un récit de voyage initiatique qui permet de mieux saisir la condition de l’homme. L’écriture sublime décrit un monde rude et froid qui porte à la découverte de soi. La traduction d’Hélène Châtelain est magnifique.

Une brève de librairie :

Il y en a beaucoup, mais comme je ne les note pas je ne m’en rappelle jamais.

 

Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy

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