Drôle d’invitation à lever l’ancre que ce court roman. « Sait-on jamais pourquoi on décide de filer à l’autre bout de l’océan ? » s’interroge d’entrée de jeu Lili, embarquée avec son frère Paul qui « depuis toujours, a voulu naviguer (…) il a arrimé des grands-voiles et des focs – génois, spinnakers, trinquettes, tourmentins… » Deux jeunes adultes qui voguent par-delà les océans, départ fixé à La Rochelle où ils rejoignent une amie, Faustine. De cette histoire d’ailleurs et d’apprentis aventuriers vivant leur rêve, le lecteur glane ça et là des bribes de vie, d’iode et d’accidents en mer, de rencontres et de grands espaces…forcément.
Lili vient de tomber amoureuse lorsqu’elle entame cette traversée de l’Atlantique, son Vincent entame un nouveau travail tandis qu’elle sillonne les mers avec Paul. La raison pour laquelle ce voyage est important pour ce dernier n’est pas donnée par Sophie Avon qui conduit ses lecteurs dans cette exploration maritime à bord du voilier Horus. Il est juste « un marin passionné » que l’on suit au gré de ses pérégrinations entre la Rochelle, les Canaries, le Sénégal et…le Brésil.
Articulé en trois parties, -ce qu’on laisse, le goût du paradis et ce qu’on a perdu-, ce texte évoque cette période charnière qu’est le sentiment de jeunesse, avant la plongée dans le monde adulte (forcément plus responsable, avec un travail et une vie de couple ou de famille…) ; moment où tout semble possible et réalisable, où les rêves n’ont pas ce parfum d’impossible. Si Paul poursuit ce voyage après le Brésil, Lili quant à elle, rentre pour retrouver Vincent et passer à autre chose… Sauf que, le sentiment d’incomplétude est là. « Rien ne vaut ce qui nous rend intrépide », cette ultime phrase du livre sonne comme une invitation à aller vers d’autres horizons, à confronter ses envies et désirs de jeunesse au quotidien aussi, sans doute.