Chroniques 1954-2003
Françoise Sagan

Chroniques 1954-2003
Le Livre de Poche
littérature documents
octobre 2016
704 p.  8,90 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Vivre en écrivant

Le Livre de poche vient de publier des chroniques de Françoise Sagan parues dans différents journaux entre 1954 et 2003 ainsi que quelques interviews d’elle. L’édition est soignée avec sa jolie couverture reliée et la tranche du livre orange vif. Quant au contenu, il paraît simple à première lecture. Et pourtant quel talent, quelle énergie, quelle intelligence. Et puis cette langue si vive, ce style syncopé, presque essoufflé qui lui ressemble tant !

Tout intéresse Françoise Sagan: critique de cinéma, elle parle avec humour des navets qu’elle voit, raconte son découragement devant « Moderato Cantabile » qui n’est « ni choquant, ni vulgaire, ni bête ni prétentieux, ni mal fait : il est ennuyeux », mais défend Chabrol ou admire Antonioni.
Elle aime les comédiens aussi et dit comme Depardieu l’impressionne, décerne à Montand  « le premier prix de la séduction » et brosse un portrait tout en finesse d’une Catherine Deneuve chez qui elle discerne une « fêlure blonde ».

Ecrire en vivant

Évidemment elle voyage et ses chroniques de Naples, Capri, New York, Venise et même de Cuba où elle se rendra en 1960 (faisant preuve d’une lucidité sidérante pour l’époque sur le régime mis en place par Castro) vous transporte sur place avec toujours ce regard décalé qui se pose là où on ne l’attend pas. Le tableau qu’elle brosse d’un Saint-Tropez qu’elle a quasiment découvert et qui devient sous ses yeux ce lieu en vogue un peu galvaudé est formidable.

Et puis elle parle de la vie en général et  de la sienne en particulier avec une grande liberté, et beaucoup d’humour. A Madeleine Chapsal qui lui demande si elle s’est sentie entravée par le fait d’être une femme, elle répond: « Non. Je trouve que les hommes ont beaucoup plus d’ennuis que les femmes. D’abord, ils ont à s’occuper des femmes… »

En 2003, soit un an avant sa mort,  répondant à une interview pour «L’Express»: « Je ne dirai pas que j’ai réussi ma vie. [Long Silence] Mais j’ai réussi à faire ce qui me plaisait : vivre en écrivant ». Et «écrire en vivant» a-t-on envie d’ajouter.

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