Ma route a croisé celle de Nicolas Jaillet pour la première lors du Trophée Anonym’us 2015-2016. Le principe de ce trophée est que des auteurs (connus, pas connus, édités, pas édités) proposent des nouvelles à un jury qui, s’il connait le nom des participants, ne sait pas qui est l’auteur des nouvelles proposées. Le classement se font donc uniquement sur le texte et pas sur le nom… La première des deux nouvelles qui suit le texte intitulé « La Maison » est justement la nouvelle qu’il avait présentée à l’occasion de ce trophée. Je l’avais à l’époque classée 5ème sur plus de 20… A la relecture de cette nouvelle et du texte qui précède, je maintiens ce que je pensais de l’écriture de Nicolas Jaillet.
Il sait indubitablement construire un récit aussi court ou aussi long soit il. Celui de « La Maison » prend un peu plus de 100 pages, on est loin du pavé mais je suis persuadé que Nicolas Jaillet pourrait tenir la distance sur un roman plus long. Il y viendra, chaque chose en son temps.
Au-delà de la construction de son récit (un enfant post-adolescent raconte la relation violente qui unissait son père et sa mère et le plan ourdit par cette dernière pendant près de 20 ans pour échapper à son tortionnaire en revenant sur des épisodes marquants de son enfance et comment ceux-ci auraient dû leur faire prendre conscience, à son père et à lui, de ce que mijotait leur femme et mère), Nicoals Jaillet possède une écriture fluide : l’addition de ces deux éléments favorise une lecture aisée et rapide de ce roman.
Nicolas Jaillet ajoute à cela une intelligence certaine en ne mettant jamais en scène les violences conjugales avec force effusion de sang. Il ne décrit d’ailleurs de telles scènes qu’à des moments clefs, sans y avoir systématiquement recours de façon abusive. Il sait que son récit perdrait en efficacité et en tension ce qu’il gagnerait en démonstration de violence et en précision. Ce savant dosage n’est pas donné à tout le monde et savoir où s’achève l’efficacité d’une structure narrative et où commence l’outrance d’un recours trop important au sanguinolent et au démonstratif relève du travail d’un équilibriste. Beau travail Monsieur !