Showman colossal, songwriter exceptionnel, Bruce Springsteen est depuis 40 ans un Etat Uni à lui seul. Dans son autobiographie, en quelques 70 chapitres brefs, il décrit par le menu l’ascension d’un petit gars du New jersey vers les sommets des charts, la fortune et ses quelques revers. Album après album, il narre comme il chante la fabrication d’un mythe, l’élaboration de chansons d’abord minimes, qui deviendront les grands classiques de l’Amérique, aussi essentielles que certains grands romans, qui accompagneront et accompagnent encore des générations. Cet homme est un monument, aussi important que Dylan, et beaucoup plus abordable, beaucoup plus pop. Un artiste exigeant et profondément sincère, qui n’a eu de cesse de raconter des histoires, en l’occurence les siennes, et de les faire partager au plus grand nombre possible.
Springsteen a mis sept ans, entre deux tournées, ou pendant celles ci, à écrire ce Born to run (titre de l’album qui lança sa carrière). Sept ans pour accoucher d’un récit structuré, au style sobre et efficace, sans gras, sans effet ni gesticulation émotive, même quand il évoque la mort de ses proches, même quand il raconte ses dépressions, même quand il décrit son rapport compliqué au père.
Born to run, le livre, prend du coup parfaitement sa place aux côtés des albums du Boss, en tout cas des plus grands. Il est à ranger à la suite de « the ghost of tom joad » dernière grande oeuvre du maître.
Born to run, le livre, est à écouter, comme ses plus grands disques sont à lire.
Springsteen, le Boss, n’est pas devenu écrivain, il l’était déjà, « écrivain de chanson » comme on dit chez lui. Songwriter. Il a juste imprimé sa musique sur 600 pages, comme il déroule ses concerts sur 3 heures : avec passion, énergie et ce nécessaire désir de partager son plaisir.