Ruth et Dana ne sont ni sÅ“urs, ni cousines, ni amies. Si dissemblables, elles n’ont en commun que d’être nées le même jour, dans l’Etat du New Hampshire, neuf mois après le passage d’une terrible tornade. Pour leurs mères, elles sont des « sÅ“urs d’anniversaire ». Pour elles, qui ne se rencontrent qu’une fois l’an, elles ne sont que des étrangères. Ruth Plank, la « grande perche », habite dans une ferme avec ses quatre soeurs. Délaissée par sa mère, elle passe des heures dans les champs avec son père, mais son cÅ“ur ne bat que pour l’art et le dessin. Dana, le garçon manqué, vit entre une mère artiste, un père quasi-absent et un frère étrange. Elle aime l’odeur de la terre et le parfum des fraises. Et toutes deux ne cessent, tout au long de leur vie de se demander à quel monde elles appartiennent.
Tour à tour, les voix de Ruth et de Dana portent le récit. On suit leurs pas, de la douceur chaotique de l’enfance jusqu’aux douleurs de l’âge adulte. Chaque chapitre est une infime partie de leur histoire, chaque détail, anecdote ou événement se raccroche à la grande histoire, celle de la guerre au Vietnam et celle de Woodstock. Pendant cinquante ans, leurs destins s’entrelacent, et si l’on devine, dès le début, le terrible secret qui les lie, il n’en altère pas la lecture. Bien au contraire.
Dans ce roman envoûtant, Joyce Maynard fait la part belle aux sentiments humains. Elle sait mettre des mots sur l’amour qui rend fou ou la passion qui déchire. On est charmé par sa prose simple, épurée mais terriblement poétique. L’auteur touche à tout. Comme le ferait un médecin de famille, elle ausculte ses personnages et à travers eux, évoque l’alcool et la drogue, l’homosexualité et le corps, mais explore aussi l’inceste, la maternité, le couple, la maladie, la mort.