Toussaint reçoit autour de ses cinquante-six ans un courrier de la Caisse de retraite l’invitant à faire le point sur ses trimestres et ça ne lui plaît pas du tout. Il se sent poussé dehors, sur la voie du rebut, il y voit une fin. Ce qu’il ignore c’est que la fonctionnaire chargée de son dossier n’est autre que Thérèse. Ils ne se sont pas vus depuis quarante ans mais ont été l’un pour l’autre le premier amour, la première fois qu’ils ont fait l’amour. Par petites touches on revisite leurs vies respectives avant de les voir se retrouver… Peut-on mettre en scène les pitreries d’Eric et Ramzy au cinéma et à la télé, proposer une soirée Primo Levi sur Arte et écrire de bons romans ? Charles Nemes, lui, peut, en tout cas (et il est peut-être le seul à pouvoir, d’ailleurs). C’est son septième roman et il est, à mes yeux, excellent. Toujours très juste, il rend parfaitement compte des airs du temps qu’il évoque et n’hésite pas à creuser les sujets radioactifs, d’une plume vaillante et exacte. Que son héros soit correcteur littéraire donne l’occasion de quelques passe d’armes réjouissantes, le tout tour à tour cocasse et très tendre. Peut-être faut-il avoir déjà soi-même quelques décennies au compteur pour apprécier les bilans de vie que le roman expose, je ne sais pas, ce que je sais en revanche c’est que je relirai Charles Nemes.