Le livre commence par une poursuite mortelle. Nous sommes en 1693, en Laponie centrale. AsIak a juste le temps de cacher quelque chose de très précieux avant d’être rattrapé par les hommes du pasteur luthérien. Condamné à périr sur le bûcher -il ne veut pas abjurer sa croyance ancestrale- il aperçut la silhouette du jeune lapon qui paraissait tétanisée. Les flammes commençaient à le lécher. AsIak a le courage d’entonner un chant de gorge lapon que le jeune lapon comprit. « Il savait ce qu’il devait faire. Et ce que, après lui, son fils devrait faire. Et le fils de son fils. »
De nos jours, le 10 janvier. Les habitants de Kautokeino attendent, pour le lendemain, le retour du soleil « Demain, entre 11h14 et 11h41, Klemet allait redevenir un homme, avec une ombre. » Oui, la nuit polaire allait s’effacer à grand pas.
Pour Nina, la jeune collègue de Klemet, ce serait sa première fois. Ces deux-là font partie de la brigade des rennes. Ils patrouillent dans l’immensité blanche pour régler les conflits entre éleveurs, les vols de bétail… et sont la risée de la police locale, surtout Brattsen plutôt à l’extrême de la droite, ne supportant pas Klemet, le seul lapon d’origine de la brigade.
Un tambour de chaman ancestral est volé pendant la nuit, suivi par le meurtre d’un lapon solitaire et ivrogne. Les deux affaires sont-elles liées ? Cest ce que pensent Nina et Klemet qui enquêtent malgré les entraves.
Olivier Truc profite de cette recherche du criminel pour parler de la Laponie, convoitée pour la richesse de son sous-sol. L’affrontement entre les Samis qui voudraient une reconnaissance, voire une autonomie de la Laponie hors les territoires et l’extrême droite qui les considèrent comme une sous race est quelque chose que je découvre, comme Nina, originaire du sud, du pays des fjords.
L’âpreté du prête fondamentaliste qui a peur que la religion originelle des lapons ne vienne saper son œuvre, le jusqu’auboutisme de certains samis qui craignent de voir leur civilisation disparaître, la survie des éleveurs de rennes dans un milieu hostile, la montée de l’extrême droite raciste, la beauté pure et dure des paysages recouverts de neige, la nuit polaire… Olivier Truc mène si bien sa barque, pardon son motoneige que je n’ai pas lâché le livre avant que la dernière page ne soit tournée. Ce fut une nuit blanche pour un livre parlant d’aurores boréales, du jour qui augmente jusqu’à la nuit blanche. La boucle blanche est bouclée et Aslak, le dernier lapon « traditionel » disparait dans la tempête blanche.
Dire que ce livre dormait sur une étagère depuis sa sortie !!
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