Une banale affaire criminelle, un double meurtre dans un manoir délabré du Forez. Ils sont quatre enfants, deux garçons et deux filles dont la dernière, le bredine. Ah que ce mot résonne à mes oreilles bourbonnaises !!! Dans le langage courant, on dit berdine. René Fallet, originaire du Bourbonnais l’employait.
Revenons à notre livre.
C’est la petite dernière qui découvre les deux corps nus dans la grange, le père émasculé, yeux arrachés, langue coupée… Elle est restée avec eux à la ferme, même après le retour du père (supposé ?). Les quatre enfants, deux garçons et deux filles, sont présents dans la maison, enquête et funérailles obligent.
Patrick Da Silva utilise l’intermédiaire d’un « bonimenteur » pour narrer l’histoire, somme toute banale, d’un parricide. Il met en scène les quatre enfants avec un jeu de rôle efficace.
J’imagine le décor, la réunion dans la bibliothèque. Je suis assise devant l’arène, je lis, j’écoute le maître de cérémonie mettre en scène l’intervention des descendants. Tout est joué dans ce drame, cette tragédie. Le fils joue la mère, la fille le premier fils… tout est faux ou alors, ils racontent leurs ressentis, les silences de la mère ou ses réponses évasives, la peur, l’absence, la jalousie, l’isolement… De tous ces mensonges, il ressort la vérité brutale et un peu de celle des personnages,
Chaque chapitre, comme dans les séries, a un récapitulatif, comme un résumé des épisodes précédents ou hustoire de canaliser ce qui va exploser plus loin.
« Allons !
Ce que nous savons.
Ils étaient nus –le père, la mère- quand elle les a trouvés. Trop peu de sang sur les vêtements du père : il ne les portait pas au moment du carnage.
Le sang du père sur les vêtements de la mère ! Mais juste des traces, sur le haut et le bas de la robe, la culotte, les manches du chemisier, les bordures, là où l’on tire pour enfiler. Et partout sur les deux, entre le linge et la peau, des brindilles de fois.
Ils étaient nus. C’est elle qui les a habillés. ».
Lu sur la quatrième de couverture : « En quatorze chapitres, quatorze stations ». Cela amène automatiquement une relation avec le chemin de croix que l’on trouve dans toutes nos églises et cathédrales. Pourtant, s’il y a des mises au tombeau, il n’y aura aucune résurrection ou pas celle à laquelle l’on pourrait penser. Je relie cela au petit mot de l’auteur « Si je lis c’est d’abord que ‘ai entendu lire ; et ce n’était pas e soir dans mon lit, ni l’école, des histoires pour enfants… non, c’était le dimanche et c’était à la messe. »
Le livre est, en lui-même, un objet original. Le contenu l’est également. Patrick Da Silva m’avait déjà séduite avec un livre précédent Jeanne. Sa plume poétique, sa verve me plaisent
Un auteur original, poétique comme je les aime.
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