Mon ciel et ma terre
Aure Atika

Fayard
litt.gene.
février 2017
208 p.  18 €
 
 
 
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Ode à sa mère

Je ne vais pas au cinéma, ne regarde que peu la télé, alors Aure Atika, je ne connais pas.
Aure raconte son enfance avec une mère célibataire, Odette Atika, dite Ode, qui l’aimait, c’est certain, mais très bohème attirée par l’extérieur comme un papillon par la lumière, femme des années soixante-dix, années de drogue, liberté, communautés, indouisme… D’ailleurs, la gamine n’aime pas que l’on qualifie sa mère de junkie « Je ne veux pas réduire ma mère à quelques traits, à quelques mots ni adjectifs. Elle était mieux que tout ça ».
Ode (tout un poème !) est une mère fantasque. Elle peut laisser sa fille toute la nuit seule à la maison et, lorsqu’elle revient, au petit matin ne comprend pas les angoisses de sa fille « Mais qu’est-ce qui t’arrive ? J’étais juste allée chercher des bonbons, tiens regarde ! » Mouais, Aure voit bien que sa mère « est encore dans sa nuit, dans une autre énergie, avec d’autres ou un autre. Elle ne veut pas revenir à moi. Pour un peu elle balaierait mes pleurs d’un geste. Pour un peu, je l’agacerais à gâcher son flottement bienheureux. » Alors, elle prend ce qu’elle a à lui offrir, c’est à la fois peu et beaucoup.
Aure n’a pas eu une vie de petite fille « normale ». Les rôles sont inversés, elle est la mère de sa mère
« Ce n’est pas elle, qui se levait rarement avant midi, qui se débattait dans ses projets qui ne restaient qu’à l’état d’ébauche, ce n’est pas elle qui pouvait me guider vers l’âge adulte. »
Pourtant, elles s’aiment, il y a beaucoup d’amour entre elles deux… Quand elle est présente, physiquement et mentalement.
Ce livre est une ode à sa mère « Ode était mon ciel et ma terre. Elle était mon ode. Tout un poème. »
Que rajouter après une telle déclaration !
Aure Atika a eu une enfance bohème, le mot est faible, sans repères ou avec des repères plus élastiques. Grâce à leur amour, elle a pu se construire pour devenir l’adulte qu’elle est. Comme quoi, l’amour permet à un enfant de se construire (pensez à Folcoche !)
L’écriture est plaisante, mais je suis souvent restée à l’extérieur.
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Ma mère, tout un poème…

Aure Atika m’a séduite dès les premières pages. Sa plume est précise, agréable, habile à créer une atmosphère. Et le personnage qu’elle dessine avec amour, cette mère à la fois fantasque et bohème, indigne diront certains, cette mère vaut vraiment le détour.

Mon ciel et ma terre est à la fois le roman d’une femme libre (au point de choquer peut-être) et celui d’une époque et d’un certain milieu. Dans les nombreuses interviews qu’elle donne, l’actrice explique qu’elle a eu besoin de se rappeler d’où elle vient, peut-être pour mieux assurer la transmission avec sa propre fille. Et l’on sent tout au long du livre l’amour passionnel qu’elle porte à cette mère aux mille et un métiers, pourtant capable de la laisser sans nouvelles pendant des mois ou de la laisser toute seule dans la rue apprendre le patin à roulettes… Et ce n’est que le plus soft.

« Je veux oublier ce trottoir froid qui me glace les fesses depuis trop longtemps et maman qui reviendra seulement quand elle voudra. »

De longues heures d’attente mais contrebalancées par une présence électrique, d’une créativité folle qui forgent très certainement le caractère de la jeune femme puisque dans leur relation, les rôles sont souvent inversés. La fille protège la mère. Sur fond d’années 70 et 80, d’idées quelque peu libertaires, loin des contingences matérielles, celle qu’on appelle Ode, diminutif d’Odette (tout un poème) est encore et toujours une source d’inspiration pour sa fille qui pose sur elle un regard à la fois tendre et lucide, n’hésitant pas à revisiter les périodes de doute, de rejet ou de honte comme tous les adolescents vis à vis de leurs parents. Des sentiments forcément exacerbés par le caractère spécifique de cette femme.

Si ce roman est réussi c’est certainement parce que Aure Atika trouve la juste distance, la bonne tonalité pour permettre au lecteur d’entrer en empathie avec Ode. Mais par-delà le personnage de la mère, c’est aussi la fille qui se dévoile, donnant à voir quelques-uns des ingrédients qui la constituent et font toute sa richesse. Ce qui rend la démarche particulièrement touchante.

Quant à la lecture, elle se déroule de façon très agréable, au gré des multiples tableaux qui sont autant de moments de vie dans lesquels l’auteure parvient à mêler sensibilité et précision. On en ressort un peu nostalgique d’une femme que l’on n’a pas connue.

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