L’histoire derrière l’histoire siffle un petit air connu : un auteur anonyme qui veut le rester, l’Italie comme toile de fond… Mais les analogies entre Clara Magnani et Elene Ferrante s’arrêtent là, même si on lui souhaite le même succès.
Ce livre n’aurait jamais dû voir le jour chez Sabine Wespieser qui publie peu de titres et dont le programme est généralement bouclé pour l’année à venir. Lorsqu’elle reçoit le manuscrit de « Joie » au mois d’août dernier, et alors qu’elle n’accepte de lire que les versions publiées sur papier, elle en découvre le prologue sur son Iphone. Intriguée, elle imprime le texte, le dévore, tombe sous le charme et écrit à son auteur, Clara Magnani, le soir même.
Qui se cache derrière ce pseudonyme?
Celle-ci lui répond par retour de mail qu’elle ne la rencontrerait pas, ne parlerait pas de son roman et n’accepterait des interviews que par écrit. On peut avancer diverses suppositions : l’histoire d’adultère qu’elle raconte est la sienne et veut qu’elle reste secrète ; ou, autre hypothèse, Clara Magnani est un auteur connu qui nous refait le coup (de pub) Ajar etc etc.
Peu importe au fond, car ce roman qui porte si bien son titre, « Joie », raconte une histoire d’amour simple -même si les deux amants sont mariés chacun de leur côté-, heureuse – alors qu’on sait dès le départ qu’elle se terminera par la mort de l’homme-, riche et aventureuse.
L’amour en cinémascope
Gigi est un cinéaste italien reconnu, un homme cultivé d’une autre époque, un grand amateur de femmes dont la réputation a dépassé les frontières. Il a interviewé Visconti, écrit sur Antioni, admiré Rossellini (dont la vie amoureuse le fascine). Lorsque Gigi rencontre Clara, une critique de cinéma belge et bien plus jeune que lui, l’heure n’est pas à la romance. Du moins du côté de la jeune journaliste qui refroidit immédiatement les ardeurs de notre latin lover. Mais celui-ci n’abandonne pas, car il sait qu’elle sera son prochain amour, et pressent aussi qu’elle sera le dernier. Tous deux partagent la passion du cinéma, tous deux prônent le « mature love », un sentiment fort et raisonné qui implique qu’ils vivent leur aventure en parallèle et en secret, sans blesser leurs conjoints ni leurs enfants.
Au moment où le cœur de Gigi s’est arrêté de battre, sa fille, Elvira, venue vider l’appartement est tombée sur le journal de son père dans lequel il raconte son idylle avec Clara. La jeune fille l’envoie à cette dernière, pour qu’elle en écrive sa propre version. Ce roman est un petit joyau, qui donne envie d’aller plonger dans la fontaine de Trevi, de sillonner Rome en Vespa, de déguster un plat de fettucine Alfredo, et… de prendre un amant !