Les internautes l'ont lu
très bon premier roman sur les secrets de famille
Lorsque l’on faisait sa communion solennelle, Il fallait choisir des images pieuses parmi tout un lot présenté par nos parents. Lucie est convoquée dans le bureau de son père pour faire cela. Le texte est déjà choisi. Il est inscrit au dos d’une image « Hélène Morgenstern, en souvenir de la première visite de Jésus dans mon cœur, le 30 mai 1946 ». Il n’y aura que le nom à changer. Lucie voudrait bien connaître ce qui est arrivé à ses grands-parents, mais toujours la même réponse de sa mère : « pas question ! » Est-ce la douleur de la disparition ? Ses grands-parents sont-ils morts dans les camps ? Petit-à-petit, j’apprends que non. Pas de résistants, pas de héros, mais un grand-père, Charles Morgenstern, juif, qui collabora activement avec les autorités allemandes en dénonçant des réfractaires au travail obligatoire, voire des juifs. Il s’est enfui en Allemagne. Lucie ne cache rien de ses recherches, ne met pas sous le boisseau la noirceur de son grand-père qui tombe du mauvais côté parce que « l’armée belge n’a pas voulu de lui ». Lucie a remué beaucoup de documents, casser la gangue, fait quelques dégâts. A la veille d’écrire un livre sur ses recherches, elle se demande qu’elle sera la réaction de ses amis juifs lorsqu’ils découvriront le document.
nuit blanche
C’est un premier roman pour Dominique Costermans, néo-louvaniste nouvelliste de talent. Nous sommes en mai 1969, Lucie a sept ans, elle va faire sa première communion. Elle est appelée dans le bureau de son père pour choisir ses souvenirs de communion. Sa maman lui montre le texte choisi en sortant d’un missel un souvenir d’une certaine Hélène MORGENSTERN. Mais qui est donc cette Hélène qui porte le même prénom que sa maman ? Mais la boîte de Pandorre est ouverte et Lucie va petit à petit mener son enquête, distillant prudemment des questions, par-ci, par-là. Elle trouvera des documents dans le bureau de son père et sur quelques décennies mènera ses recherches pour savoir qui elle est ?, d’où elle vient ? et ce outre sa maman qui restera fermée comme une huître sur ce sujet jusqu’au jour où la digue cèdera et libèrera enfin sa maman de son lourd passé. Cette histoire est une fiction qui se base sur des faits réels. Nous apprendrons très vite que Charles Morgenstern, le père d’Hélène est juif, bruxellois. Il s’est enrôlé dans l’armée allemande et est devenu un indic de la gestapo. La spécificité de ce premier roman est l’architecture particulière de celui-ci, de nombreux souvenirs nous sont livrés peu à peu sans chronologie, de nombreux personnages apparaissent et rendent de prime abord la lecture plus difficile. Mais rassurez-vous un arbre généalogique et une chronologie des faits nous aident à suivre ce passionnant puzzle qui peu à peu se remplit. Une chose est certaine, c’est qu’une fois commencé, il m’a été impossible de poser le livre avant de l’avoir terminé. Une belle découverte que je vous recommande vivement. Ma note : 9/10 Les jolies phrases Oublie, N’oublie jamais. Oublie d’être juif c’est mortel. N’oublie jamais, sinon ils sont morts pour rien. Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans l’ombre de nos inconscients, restreignant la part de liberté de ceux qui les subissent. Ce n’est qu’en prenant conscience de la part de mal qui nous habite que nous pourrons pardonner à autrui celle qu’il a choisie d’exprimer. Mais à l’instar des trous noirs, toute consolation est immédiatement absorbée par sa force de gravité, ce qui alimente le système en énergie. Tout l’art, pour moi, consiste à me tenir au bord de la zone d’attraction sans y sombrer. Dans les caves de cette histoire dont personne ne m’a donné les clés, j’ai trouvé des cadavres et des monstres ; quelques trésors, aussi. J’ai trié, rangé, empaqueté, nettoyé les toiles d’araignée et chassé la poussière. Ca m’a pris des années. Et maintenant, je suis assise sur mes caisses et je ne sais par où commencer. La frontière est parfois mince entre ce qui fait qu’un homme devient un héros ou un traître. Combien se sont retrouvés du côté des bons ou des méchants juste parce qu’ils avaient l’opportunité qui, en fin de compte, leur a ouvert le destin. Retrouvez Nathalie sur son blog |
|