Connu pour ses romans, Michel del Castillo, qui déjà été tenté par la biographie en se plongeant dans l’œuvre de Colette, s’est livré à un exercice périlleux, brosser le portrait d’un peintre, et pas des moindres, Francisco de Goya. Avec une délicatesse extrême, le romancier déroule le destin extraordinaire de ce paysan né dans un petit village d’Aragon qui devient un peintre fougueux et ambitieux à la cour de Charles IV d’Espagne. Resté attaché au peuple, patriote, il est aussi témoin des intrigues de la Cour, multiplie les conquêtes féminines, et tombe amoureux de la duchesse d’Alba. Inquiété pour avoir peint la Maja nue de Godoy, frappé à nouveau par la maladie, révolté par la politique réactionnaire de Ferdinand VII, il s’exile à Bordeaux où il meurt en 1828 à 82 ans, laissant derrière lui des chefs d’œuvre. Ses œuvres célèbres dans le monde entier le sont parce que comme l’écrit Malraux, « pour la première fois, depuis combien de siècles !, un artiste n’écoute plus en lui, pour le transmettre, que le chant inépuisable des ténèbres ».