Cet album est un enchantement, comme l’avaient été « La Demoiselle de la Légion d’honneur » ou plus récemment « Jeune fille en Dior ». La vie de Colette est connue dans ses moindres détails et il ne faut s’attendre à aucune révélation, ce n’est d’ailleurs pas le propos. Mais Annie Goetzinger, mieux que n’importe quel biographe, réussit, avec ses dessins doux et élégants, à nous faire revivre cette (belle) époque et « les apprentissages » de Colette, depuis ses débuts timides jusqu’à son envol et son émancipation.
Devenir écrivain
Jeune provinciale sous la coupe de son mari Willy, un homme de lettres médiatique et libertin, elle lui doit ses débuts d’écrivain, même s’il profite de son talent et « oublie » de mentionner son nom sur la couverture des « Claudine ». Livrée à elle-même, seule dans Paris, loin de sa mère qu’elle adore, Sido, et avec laquelle elle partage son goût pour la nature et sa connivence avec les animaux, elle découvre le bonheur d’écrire. Elle ne s’arrêtera plus jamais, même si, toujours curieuse et peu soucieuse des quand dira-t-on, elle mènera des carrières parallèles plutôt « exotiques », comme danseuse de cabaret ou esthéticienne.
Se réapproprier son nom
Libre est le qualificatif qui nous vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on pense à Colette. Mais aussi des mots comme bonheur, fleurs, chats, et si instagram avait existé on aurait pu lui accoler ceci : #profiterdechaqueinstantdelavie ! Le livre débute avec son mariage et se termine quelques liaisons scandaleuses et un deuxième mariage plus tard au moment où elle se réapproprie son nom et signe « Le blé en herbe » du seul Colette. L’ouvrage est de surcroît très joliment préfacé par la journaliste Nathalie Crom et enrichi d’une chronologie détaillée.