Toutes les nouvelles jamais écrites par Ayerdhal réunies dans un épais volume, des heures de lecture et beaucoup, beaucoup de plaisir. Pas mal d’inédit, ça commence à la fin des années quatre-vingt et ça se termine (hélas) en 2015, et comme l’évoque Pierre Bordage dans sa préface on voit l’écriture changer au fil des années, les textes s’allègent, deviennent parfois très courts, le propos me semble aussi plus pessimiste.
C’est de la bonne et pure science-fiction, « La lettre d’Anamour » est une merveille d’inventivité, « Jessie, le retour » m’a fait franchement rire (j’adore sa manière de s’adresser directement au lecteur – ou à l’éditeur), « Paysage urbain » est glaçant d’actualité (deux experts qui présentent leurs « préconisations» aux mairies quant à l’agencement de leurs villes…), mais toutes les nouvelles sont à découvrir (ou à relire). Ce recueil et celui de Sylvie Lainé et vous êtes parés question SF.
En fin de volume, plusieurs interviews, avec ceci :
« Quel regard jetez-vous sur le milieu de la SF française aujourd’hui ?
C’est quoi un « milieu » ? Une mafia ou une moyennitude ? Il n’y a pas de milieu, juste des lecteurs, des auteurs et des éditeurs… »
Mais oui ! La SF n’est pas réservée à un public précis ni destinée à se reproduire en milieu clos.
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« Je mandais un héros.
Ou, pour être plus précis, je fis venir de Franconie le plus… euh… francon des héros d’alors et je lui expliquai l’ingrate et rude tâche qui l’attendait.
– Robert, lui dis-je (il s’appelait Camille mais pour des raisons de commodité nous l’appelerons Robert), Robert, je t’ai fait venir de Franconie pour t’expliquer la tâche rude et ingrate qui t’attend (9).
(9) Vous le saviez, mais pas lui, et la moindre des politesses était de l’informer. »