Ecrivain discret, Patrick Varetz poursuit une œuvre qualifiée d’autofictionnelle, « la vie, dit-il, n’étant jamais que le brouillon du roman ». Il met en scène son personnage dans un livre de la vacuité et de la folie. Avertissement au lecteur : « Vous qui entrez laissez toute espérance ».
L’étranger
Après une enfance et une adolescence sous le joug d’un père violent et d’une mère dépressive, le narrateur, trentenaire, vit seul dans son appartement où il écrit des textes de commande pour un certain Blanc. Spectateur de sa propre vie qu’il est incapable d’incarner, notre personnage se cherche un modèle qu’il pense avoir trouvé en son patron grossier aux idées étroites, mais ce ne sont là que vaines gesticulations. Il ne parvient pas à surmonter sa passivité, ni à faire face aux huissiers qui le poursuivent, s’empressant de fourrer les lettres de créance dans les livres de sa bibliothèque pour faire disparaître les problèmes. Malade de solitude, il en appelle à une ex-petite amie, mais quand celle-ci s’installe chez lui, il la découvre maniaco-dépressive. Son vide existentiel se remplit alors de la folie destructrice de Claire qui les entraîne tous deux dans une descente aux enfers.
Un roman du vide et de la folie
Ici la vie est une tragédie qui commence par le vide et finit par la folie. Economie de moyens, resserrement temporel et sombre leitmotiv ne laissent aucun répit au lecteur asphyxié qui voit se dérouler l’action telle une pièce de théâtre mortifère, avec pour scène un appartement étouffant où évoluent deux protagonistes paumés, autodestructeurs et toxiques. Même le sexe n’est qu’une lutte entre deux enveloppes charnelles en tension. Une réussite que ce roman sous pression qui s’achemine vers une désintégration inexorable.