Relire Thomas Mann, ou Robert Musil, permet de renouer avec des textes pas très faciles certes, mais avec la littérature , et de mesurer le chemin parcouru en un siècle , et sur les facilités d’écriture , déconcertantes parfois de certains auteurs encensés aujourd’hui. Cela semble vertigineux.
Ceci dit, T.Mann offre un recueil de 3 nouvelles , genre inhabituel chez lui, et donc intéressant.
La trame de « La Mort à Venise » n’est pas très originale : Un romancier munichois célèbre, et même anobli à la cinquantaine , un « vieux beau sur le retour » V.Aschenbach découvre soudain qu’il est atteint de pulsions pédérastiques. Il se rend à Venise, ville qui l’a pourtant déjà mis mal à l’aise, croise dans l’hôtel qu’il s’est choisi, une famille polonaise qui comporte hormis 3 filles ; un jeune adolescent, Tadzio, beau comme un dieu. Leurs regards se croiseront parfois.
Cet adolescent le rend fou, et devient pour lui une obsession ; Il va même rester à Venise alors que sévit le choléra pour ne pas quitter des yeux ce bel éphèbe , et ce jusqu’à la mort qui le surprendra sur la plage du Lido où joue une dernière fois Tadzio.
Ce pourrait être le récit affligeant de la dérive d’un homme , mais sous la plume de T.Mann, sont convoqués le ban et l’arrière -ban des poètes et divinités grecs ; et les grandes thèses sur le beau et l’amour.
Cette nouvelle a quand même été le thème d’un opéra, d’un ballet , et le film de Visconti est un grand classique du cinéma.
« Tristan », la seconde nouvelle , est d’un ton plus ironique, moins éthéré, quant à la troisième « le chemin du cimetière « , T.Mann rompt avec son milieu bourgeois habituel et traite de de la misère et de l’alcoolisme.