critique de "La Ferme du bout du monde", dernier livre de Sarah Vaughan - onlalu
   
 
 
 
 

La Ferme du bout du monde
Sarah Vaughan

traduit de l'anglais par Alice Delarbre
Le Livre de Poche
lgf preludes
avril 2017
448 p.  8,40 €
ebook avec DRM 11,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Cap sur la Cornouailles

En une poignée de titres, l’éditrice Véronique Cardi a donné ses couleurs à la collection Préludes qu’elle a créée : des textes inédits « de derrière les fagots », comme elle les qualifie elle-même. « Des pépites qui passent entre les mailles du filet. Lorsqu’un agent littéraire me dit d’un livre qu’il a marché à l’étranger mais que personne ne le veut en France, je suis toute ouïe », s’amuse-t-elle.

Sarah Vaughan entrée dans l’écurie Cardi il y a deux ans avec « La meilleure d’entre nous », une délicieuse romance sur fond de concours de pâtisserie, est une ancienne journaliste reconvertie en romancière. A 40 ans, ayant dû quitté la rédaction du « Guardian » pour suivre son mari à Cambridge, elle a travaillé un moment en freelance, avant de décider de changer de cap. Quelques mois plus tôt, elle n’avait aucune idée de ce sur quoi elle allait écrire ; quelques mois plus tard, son premier roman était publié, vendu à quelques pays étrangers dont la France, où il a remporté le plus gros succès.

Rien d’autobiographique dans les ouvrages de Sarah Vaughan, mais des décors qui lui sont proches. Elle situe son nouveau récit, « La ferme au bout du monde », dans cette Cornouailles où elle passait ses vacances enfant. Elle s’est souvenue d’une réflexion de sa grand-mère qui l’avait marquée. Celle-ci, femme de pasteur, lui avait raconté que si sa fille avait été enceinte avant de se marier, elle l’aurait jetée dans la Tamise.

Enceinte, c’est donc ce qui est arrivé à Maggie, la grand-mère de l’héroïne, Lucy. C’était en 1943, et sa mère l’a obligée à abandonner son fils. Elle n’a jamais su ce qu’il était devenu, mais elle refuse de quitter cette ferme où elle a toujours vécu, au cas où l’enfant devenu aujourd’hui un vieil homme la retrouverait.

L’autre partie de l’histoire se déroule aujourd’hui, avec Lucy qui vient chercher refuge dans la ferme familiale. Son existence est en train de partir en miettes, et seule la maison de son enfance peut la consoler. Entremêlant ces deux époques, les destins de ces deux femmes blessée, Sarah Vaughan signe un roman parfait pour l’été, et même pour tout de suite. Une pépite effectivement de « derrière les fagots ».

 

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 Les internautes l'ont lu

To the end of the world… and beyond

Nous sommes principalement en Cornouailles, à la fois en pleine Seconde Guerre Mondiale et au début des années 2010. Sarah Vaughan dresse le portrait de trois générations de femmes de la même famille, liées par un secret. Trois générations… pas vraiment, en fait : seules les générations de la grand-mère et de la petite fille sont réellement concernées. La génération de la mère, par sa présence sur le site de la ferme et le rôle joué par la disparition du père, est partie prenante à l’histoire mais n’y joue pas de rôle essentiel. Elle est là pour faire le lien entre la grand-mère et la petite-fille et perpétuer la tradition du secret familial de génération en génération mais le récit pourrait s’en passer.

On découvre assez rapidement que le secret de la grand-mère réside dans un amour de jeunesse contrarié par l’arrière-grand-mère (sa mère donc) dans la mesure où cet amour concernait sa fille, héréditairement propriétaire terrienne, et un adolescent venu de Londres pour se protéger des bombardements subis par la capitale anglaise.

Naissance, mort, séparation, regrets, amours, qu’en-dira-t-on, expiation, réconciliation sont au cœur de ce récit dont les Cornouailles servent de décor. L’aspect de ce décor naturel change au gré des fluctuations des humeurs ou des atmosphères du récit sans que l’on sache très bien si c’est l’environnement qui influence les protagonistes ou l’inverse.

Ce huis clos fonctionne bien, Sarah Vaughan parvenant à rendre compte des humeurs et des oscillations de ses personnages mais il manque un petit quelque chose pour rendre le tout parfaitement réalisé, une petite alchimie qui ne se fait pas. Peut-être un peu parce qu’on n’arrive pas à apprécier de la même manière au même moment les récits se déroulant aux deux époques concernées.

Soit la narration des événements du 20° siècle touchent le lecteur et ceux du 21° siècle perdent en profondeur et paraissent plus superficiels, soit c’est l’inverse… Cette sensation de ne pas être en symbiose permanente entre les époques perturbe forcément un peu la lecture.

En fait, je crois que l’histoire de la sauvegarde de la ferme familiale et des tensions avec l’oncle Richard est de trop. L’histoire aurait pu et du se concentrer sur celle de la grand-mère et de son secret qui trouve une conclusion, heureuse ou pas ? ce sera au lecteur de se faire son opinion, 70 ans plus tard. C’est ce laps de temps qui crée et fait toute la valeur des sacrifices consentis par les protagonistes les plus âgés du récit.

En dehors de ce bémol, Sarah Vaughan, pour son second livre, s’en tire plutôt bien. Après, pour avoir pu assister à une rencontre avec l’auteur et avoir lu ce livre, je comprends quand même pourquoi nous n’étions que deux êtres humains de sexe masculin à cette soirée au demeurant très réussie. Il me tarde tout de même de me lancer dans le premier opus, dont je me suis procuré la VO.

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La ferme du bout du monde

Je pensais prendre du bon temps en lisant ce livre si élégant et si bien proportionné. En fait , le l’ai lu très vite et pour deux raisons contraires.
La première moitié du roman m’a profondément ennuyée. Ne fermant jamais un livre avant la dernière page, je voulais activer le mouvement , puis ensuite la seconde partie m’a semblé plus attrayante et l’envie de connaître l’épilogue a agi ; même si dès la 50ième page on aperçoit clairement la fin. Dans le livre , à un moment , un des personnages fait allusion aux romans de T.Hardy en les qualifiant de « fadaises sentimentales » .S Vaughan a du s’imprégner de l’écriture de cet auteur.
Passé ce moment d’humeur, il est évident que l’auteur aime l’atmosphère des Cornouailles et la restitue avec bonheur, même si : »il pleut, pauvres vaches… » ne m’a pas spécialement émue  . Les champs , les falaises, le vent, les embruns, oui !
L’intrigue se passe alternativement en 1914 et en 2014, 3 générations de femmes courageuses de la même famille qui se battent chacune à leur manière pour conserver la ferme de leurs aïeux. Un secret de famille gardé 70 ans.

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