Les repas de famille sont souvent le prétexte à des joutes oratoires ou pas entre les membres de la famille présents autour de la table.
Cette année et, depuis très longtemps, depuis son divorce, Amalia reçoit tous ses enfants et son frère Eduardo, l’embobelineur. Fernando, le fidèle, Sylvia, célibataire et bosseuse ainsi que Emma qui vient avec sa compagne Olga.
Une belle tablée qui met Amalia en joie, la rend fébrile et inquiète.
« Maman est sur les charbons ardents. Elle est dans cet état depuis quelques semaines, depuis qu’elle sait avec certitude que nous serons tous là ce soir. »
Amalia, du fait de son handicap visuel, de sa nervosité casse beaucoup, ce qui a le don d’énerver Sylvia. D’ailleurs beaucoup de choses la font réagir. La nervosité gagne Fernando, dit Fer.
« Sur l’écran de mon radar personnel, une nouvelle lumière rouge se met à clignoter en plus de celle qui tremblote depuis quelques jours déjà. Danger. Danger en vue. »
Le couvert est mis, avec une chaise supplémentaire, pour l’absent. J’apprendrai au cours de ma lecture qui est l’absent.
Les invités arrivent, les sous-entendus aussi. La mère est merveilleuse dans son innocence feinte, sa maladresse, ses bévues, dans son désir que ce réveillon ne soit pas un ratage.
Chacun va s’exprimer, des aveux seront faits, des vérités dites. Certains masques vont tomber.
La mère, si infantile que Silvia se doit d’être la mère de sa mère, avec son handicap, ses bévues, cette mère « pleine de faiblesses » se révèle être la colonne vertébrale de la famille. Elle a été et est capable de sauver la vie de ses enfants partis à la dérive par sa ténacité.
S’esquisse une famille touchante dans ses fêlures, ses secrets, ses espérances, ses naufrages… Bref, une famille « normale »
Alejandro Palomas est, entre autre, scénariste et cela se sent dans l’écriture très visuelle de ce roman qui m’a fait passer des rires aux larmes. Les personnages sont finement travaillés et pas aussi caricaturaux que je l’ai craint au début.
Un bon moment de lecture.
De belles phrases d’amour maternel :
« Et si je dois t’arracher des eaux pur que tu vives, je le ferai, quoi qu’il en coûte. Parce que je n’ai rien de mieux à faire dans la vie, ma fille chérie…Non il n’y a rien de mieux à faire dans la vie. Pas pour une mère. »
« Quand je ne serai plus là, tu auras cette couverture. Tu pourras te couvrir avec en hiver pendant ta sieste et moi, je serai heureuse parce que ce sera comme si je te faisais tous ces câlins dont tu as besoin et que tu ne me laisses jamais te faire. »
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