Immortalisée par la scène du landau qui dévale les marches de l’escalier dans le chef d’œuvre de Sergueï Eisenstein, Odessa est une ville mythique au passé à la fois glorieux et tragique. Charles King, dont on avait adoré « Minuit à Pera Palace », qui racontait l’histoire du grand hôtel d’Istanbul fréquenté par les célébrités du monde entier, nous donne le portrait d’une ville tout aussi cosmopolite où cohabitent jusqu’à la deuxième guerre mondiale, Juifs, Russes, Ukrainiens, Grecs, Allemands, et iIaliens.
Née à la fin du 18e siècle au temps de Catherine II, redessinée par un descendant de Richelieu, la ville des rives de la mer Noire, voit défiler une foule d’écrivains, de Pouchkine à Isaac Babel sans oublier Mark Twain qui, à son arrivée en 1867, se croit à New York face à un tel mélange explosif de nationalités et de religions ! Ville-monde certes, mais les plus terribles pogroms s’y dérouleront en 1905 et 75 000 juifs seront exterminés sous la domination roumaine. Deux faces d’une même ville et un résumé à sa manière du 20e siècle.
Sous sa plume digne d’un romancier, Charles King, nous dépeint les joies et les peines de ceux qui ont bâti la « cité des rêves ». Il ne cache pas les drames qui s’y sont déroulés et qui en font le « repaire de violence » le plus terrible. De sa splendeur à son crépuscule, des rives de la mer Noire à Little Odessa sur la côte Est des Etats Unis, on se laisse emporter par cette histoire mouvementée et spectaculaire.