Le jour d'avant
Sorj Chalandon

Le Livre de Poche
litterature fra
aout 2017
360 p.  7,90 €
ebook avec DRM 14,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Les travailleurs de la mine

Après une grande carrière de journaliste, Sorj Chalandon, écrivain reconnu dès ses débuts, signe là un roman puissant. Avec habileté et maîtrise, il enchevêtre drame intime et mémoire collective dans une histoire qu’il greffe sur la catastrophe minière de Liévin-Lens en 1974.
La mine, toute une vie
Trop jeune pour en avoir entendu parler, c’est avec ce roman que j’ai personnellement pris connaissance de cette date inscrite dans les mémoires du Nord, le 27 décembre 1974, au matin duquel un coup de grisou tuait quarante-deux mineurs. Le personnage de Sorj Chalandon, Michel Flavent, un quinquagénaire sans histoire, comme on dit dans les rapports de police, retourne vivre dans le Nord de la France, d’où il est originaire, après la mort de sa femme. Michel a construit sa vie dans le culte de la mémoire d’une famille détruite par la mine et la mort de son frère aîné. Ses pensées n’ont jamais quitté le bassin minier, les terrils, les hommes noirs de charbon. Depuis quarante ans, il a ainsi collecté tout ce qui se rapportait à l’explosion du 27 décembre 1974 : coupures de journaux, procès-verbaux, photographies, au point que cette passion mémorielle s’est transformée en soif de revanche et de justice.
La tragédie d’un homme
« Le Jour d’avant », ce n’est pas « Germinal » au 21e siècle, mais un roman sur le drame d’un homme hanté par les deuils et rongé par la culpabilité. En ayant perdu son frère idolâtré quand il avait seize ans, Michel Flavent n’est jamais vraiment remonté du puits, ourdissant sa vengeance pendant des années, et s’autoproclamant justicier des travailleurs opprimés contre les capitalistes sans foi ni loi. L’auteur, avec une grande subtilité, cherche ce qui motive les êtres en profondeur ; ici, pas de bons ni de salauds, mais des hommes et des femmes complexes qui agissent selon leur intime conviction, dévient de la route et se hissent au rang de grands personnages. En mêlant fiction et réalité, tragédie intime et cause collective, Sorj Chalandon écrit un roman magnifique et bouleversant, qui parle des hommes avec justesse.

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coup de coeur

Superbe

Sorj Chalandon ne nous déçoit pas. C’est tout simplement magnifique. Encore une fois il nous sort des sentiers battus et nous emmène… Quel style, c’est beau, prenant, plein d’humanité. A lire absolument.

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coup de coeur

Coup de coeur.

Entrer dans un roman de Sorj Chalandon est pour moi l’assurance d’être touchée au cœur, tant il a le talent de déployer des histoires passionnantes servies par une écriture magistrale.
Dans ce dernier opus l’auteur aborde un sujet dramatique, la catastrophe de la mine de Liéven qui en 1974 fit 42 victimes.
A mi-chemin entre une reconstitution fidèle et une fiction, ce roman est surtout l’histoire de Michel Flavent que nous découvrons adolescent au moment des faits, hanté par la mort de Joseph, son frère « tué par la mine ».
Il n’aura de cesse de le venger afin de répondre aux vœux de son père qui lui a laissé quelques mots avant de se suicider : « Venge-nous de la mine ».

Ce texte écrit à la première personne nous emporte dans les pensées de Michel et se révèle d’une grande finesse psychologique.

Sorj Chalandon décrit la rudesse du métier de mineur, leur fierté à l’exercer, malgré la peur quasi quotidienne de descendre au fond du puits.
Cette histoire de vengeance m’a tenu en haleine jusqu’au dénouement. J’ai eu souvent les larmes au bord des yeux.
Un énorme coup de cœur.

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coup de coeur

Livre coup de coeur. Livre coup de poing. Livre coup de gueule, cri de rage.

Rage que Sorj Chalandon a en lui depuis très longtemps. Il est jeune journaliste à « Libération » lorsque le 27 décembre 1974 éclate la catastrophe minière de Lens-Liévin. 42 mineurs y trouvent injustement la mort.

Non ce n’est pas la fatalité, cela aurait pu être évité. Non, ce n’est pas normal pour un mineur de finir ainsi au fond du trou. Non, ces travailleurs et la profession n’ont pas reçu l’hommage et la reconnaissance nationale qu’ils auraient dû avoir.

Alors resté tapie au fond de lui, cette colère gronde et pour la première fois l’auteur nous livre un récit qui sort de l’autobiographie.

Comment nous parler de ce drame ? En créant le personnage de Michel Flavent, le frère du mineur. Michel et son frère Jojo sont des enfants de paysans et le Nord c’est aussi cela le combat entre la terre du dessus (les paysans) et la terre du dessous (les mines). Leur père espère qu’ils reprendront l’activité agricole mais au village, au bistrot en particulier il y a les « rabatteurs », qui dénigrent la profession liée à la terre et font miroiter que la mine, elle, chauffe les foyers, bitume les routes, apporte la richesse à la nation, les mineurs de la mine sont utiles… et ils enrôlent les jeunes.
Jojo a 20 ans lorsqu’il devient mineur, il devient la fierté de son frère Michel qui il faut bien l’avouer sans cet accident l’aurait suivi dans le fond.

Le 27/12/1974 cela faisait cinq jours que l’on n’était plus descendu dans la mine, on aurait pu éviter cette tragédie mais au nom de la rentabilité et des économies, on n’avait pas pris les mesures de sécurité de base nécessaires : pas d’arrosage du fond, pas de dégrisoutage, de ventilation correcte, à quoi bon, le filon était en fin d’exploitation…

Michel ne se remettra pas de la catastrophe et de la mort de Jojo et de son père. Il vouera à la mine et au mineur une ferveur, une dévotion mais aussi une grande envie de vengeance. Il retournera au pays quarante ans après la catastrophe…

Michel à travers la plume de Chalandon nous réservera quelques surprises : trahison, mensonges, besoin de vérité, de vengeance…

Un récit captivant, bouleversant. un roman truffé de fausses pistes, de rebondissements. Un personnage trouble celui de Michel qui fait de son drame personnel le procès de la mine.

L’écriture de Chalandon est comme toujours percutante. Des phrases courtes allant droit au but, à l’essentiel. C’est bouleversant, touchant. Il cerne comme toujours ses protagonistes avec beaucoup de psychologie. La plume est tout en justesse, magnifique remplie d’une belle humanité.

C’est pour moi un incontournable de la rentrée.

Un gros coup de coeur. ♥

Les jolies phrases

Un mineur aujourd’hui, c’est un mécanicien, a répondu l’aîné. C’est Germinal robotisé, a rigolé son copain en nous ouvrant la porte.

Elle se gavait d’hommes la mine. Elle avait faim de nous. Jamais elle ne nous laisserait en repos.

Eux fouillaient la terre pour éclairer le pays, chauffer les familles, produire le ciment, le béton, goudronner nos routes.

Ne fais jamais d’enfant, Michel. S’il te plaît. C’est trop de souffrances.

Blessé, c’est un mot triste pour dire qu’il est vivant.

Il a commis un crime pour en payer un autre.

Au nom du rendement, nous demandions aux hommes de faire plus que ce qu’ils pouvaient.

La prison n’est pas une halte, c’est le bout du chemin. Le mur de briques au fond de l’impasse. L’antichambre du sépulcre.

Le chef du siège 19, lui , a été condamné à 10 000 francs d’amende et 1 000 francs de dommages et intérêts, versés à trois syndicats. « 42 morts = 10 000 francs. Une ligne dans un bilan comptable »

Je n’ai pas relu les 42 noms. Je les connaissais depuis ma jeunesse, appris par coeur comme les lettres de l’alphabet. Celui de Jojo n’était pas dans la pierre, rejeté par les Houillères et par la mémoire. Mort trop tard pour être des martyrs. Mort trop loin pour être célébré. Mort entre deux draps pas entre deux veines. Mort en malade de la ville, pas en victime du fond.

J’ai raconté son enterrement de rien. Trop tard pour les honneurs, trop seul pour l’Histoire. Inconnu au bataillon des braves. Ni sur les plaques de cuivre, ni dans les coeurs de pierre. J’ai raconté sa veuve, crachée par les vivants. Ma jeunesse sans Jojo. La mort de mon père. Sa fin de paysan. Sa lettre . « Venge-nous de la mine. »

Retrouvez Nathalie sur son blog 

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coup de coeur

Le jour d’avant

Ce superbe roman de la rentrée est surtout le livre de la culpabilité et du remords .
Que faire de ce lourd fardeau quand on a seize ans , et qu’il vous tombe dessus le jour d’avant la catastrophe de Liévin le 27 décembre 1974 .
Michel et sont frère Jojo sont issus d’une famille de paysans , mais nul ne prendra la suite du père, Jojo, un modèle de joie, de bonheur pour son petit frère écoute les promesses des recruteurs des Houillères du Nord-Pas de Calais, et descend à la mine comme presque tous les hommes des petites villes du bassin minier .
Surgit un drame personnel et collectif trop lourd à porter pour Michel, jeune ado.
Et même s’il fait sa vie comme on dit loin des corons , à la mort de son épouse Michel revient incognito à Liévin, il veut venger la mort de son frère, celle violente de son père. La MINE est responsable de trop de malheurs, trop de veuves, trop d’orphelins victimes du grisou également.Cette obsession maladive le ronge, et c’est alors qu’il a des cheveux blancs qu’il vient régler ses comptes en 74.
Il y aura un coup de théatre puis un procés, long, très long à St Omer en 2017 dont je retiens le requisitoire de l’avocat général, brillant, superbe, puis Béthune et sa prison.
Sorj Chalandon a restitué l’atmosphère, le parler, les habitudes de ces villes de souffrances avec une exactitude confondante.
Il y a bien longtemps , mais j’ai encore en mémoire des moments passés à Drocourt dans des familles de mineurs , pour de belles fêtes, communion des enfants , mariage.
Ces hommes , gais au demeurant ces jours là redevenaient le lendemain des forçats de la mine. Soudés par le travail, la peur du grisou , le reste de leur vie menée par les Houillères, qui fournissaient logement , chauffage , école à toutes ces familles, et malheureusement l’accès aux soins aussi : la mine te détruit, mais c’est aussi elle qui décide de ton sort….Quelle honte. Je me souviens avoir entendu parler par ces hommes du médecin chef Schaffner, qui minorait au possible les taux de silicose, de manière à vite « redescendre », et surtout à éviter les indemnisations.
Et à l’instant , je viens de lire sur Internet l’hagiographie du Dr Schaffner…
Je préfère penser à toutes les victimes mortes à Courrières, à Liévin, et aux centaines d’autres, mortes sans bruit de ne plus pouvoir respirer .
Un très beau livre qui traite aussi de la Justice et de la mémoire collective parfois défaillante.

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