l e c r i t i q u e i n v i t é Julien Bisson (Le 1 hebdo, America) a choisi « C’est le premier roman d’un jeune écrivain d’origine égyptienne qui, en tant que journaliste, a couvert plusieurs conflits au Moyen Orient. Il nous transporte dans une Amérique d’anticipation, en 2075, avec un pays plongé dans une guerre de Sécession. Il s’est produit de graves changements climatiques, des troubles écologiques et le gouvernement veut interdire l’exploitation des hydrocarbures. Les états sudistes s’y opposent et font donc sécession. A la guerre, responsable de onze millions de morts, s’ajoute une épidémie de peste qui décime la population. Nous suivons ce conflit à travers le regard de Sarat, qui a six ans au début du livre, et vient de Louisiane. Elle se retrouve dans un camp de réfugiés et, au fur et à mesure qu’elle grandit, sa colère va monter, jusqu’à ce qu’elle devienne une jeune femme en quête de vengeance contre le mal qui a lui a été fait à elle et à sa famille. Ce roman est passionnant à plus d’un titre. Il présente une vision de l’Amérique divisée, minée par la violence, les troubles climatiques. On pourrait croire que c’est un livre d’anticipation sur ce qui va se produire, mais en fait, tout cela se passe déjà. Omar El Akkad projette dans le cadre familier de l’Amérique des conflits d’aujourd’hui : les camps de réfugiés, les pays en ruine, des êtres innocents qui se mettent à commettre des choses terribles, le malheur, la destruction, la radicalisation… Tout cela rend ce roman réaliste, palpable, et nous implique émotionnellement. C’est pour moi, avec « Underground Railroad » de Colson Whitehead et « Le sympathisant » de Viet Than Nguyen, l’un des très grands romans étrangers de la rentrée. » Propos recueillis par Pascale Frey |
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