« Dragan remarqua qu’il employait beaucoup l’expression « je suis quelqu’un qui » au lieu de se désigner directement par un adjectif ou un comportement, comme s’il cherchait avant tout à se convaincre lui-même par cette redondance : qu’il fût quelqu’un, d’abord, et par voie de conséquence qu’il fût doté de la moindre personnalité. »
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C’est l’été et le narrateur dispose de quelques semaines de libre pendant ses études, il va aider son amie Augusta à New York. C’est d’espionnage dont il est question, sous toutes ses formes d’ailleurs. En couple avec Dragan, rencontré via Tinder – enfin, presque; le contact s’y est produit, mais Dragan a ensuite fait une finette sur Augusta et l’a espionnée via sa vie numérique (Facebook, Instagram…) avant de provoquer la rencontre IRL) -, Augusta s’effraie au fur et à mesure d’un coté sombre qu’elle a du mal à cerner chez Dragan. Critique d’art installé, émigré roumain, ce dernier la désarçonne et elle se met en tête qu’il a tué quelqu’un. Son ami français est donc chargé de filature… Un roman très élégant avec un style à la fois éminemment contemporain et précis, une jolie langue vraiment séduisante qui s’autorise pirouettes et pieds de nez pour le plus grand plaisir du lecteur. Une chouette déambulation estivale dans un New-York très bien rendu.
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« Mon problème a toujours été les nuits, dit-il à Augusta en français. Ah d’accord, répondit-elle, les nuits. (Elle croyait savoir que l’insomnie était consubstantielle à la roumanité). Sûrement votre côté vampire, dit-elle à Dragan. Oui, souvent, je mes nuits, confirma-t-il, un peu décontenancé. Ah, d’accord, tu veux dire que tu t’ennuies, conclut Augusta. L’en-nui. Pas les nuits. »