Pas un mot
Brad Parks

Fayard/Mazarine
romans
octobre 2017
508 p.  23 €
ebook avec DRM 15,99 €
 
 
 
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En plus de ses responsabilités de juge fédéral, Scott Sampson se fait un point d’honneur d’aller chercher chaque mercredi après-midi Sam et Emma, ses jumeaux de 6 ans, et de passer un moment privilégié auprès d’eux.
Ce jour-là, Scott reçoit un message d’Alison son épouse, pour le prévenir qu’elle doit emmener les jumeaux chez le médecin à la sortie de l’école.
En rentrant chez eux en fin de journée, Alison est persuadée de retrouver mari et enfants de retour de la piscine.
Le temps que les deux parents comprennent que leurs enfants ont été enlevés, le juge Sampson reçoit un appel où il doit se plier aux verdicts exigés par les ravisseurs sur les prochaines grosses affaires qu’il doit statué. Auxquels cas, le juge recevra une oreille, un doigt, un nez,… Et bien sûr, Pas un mot à qui que ce soit…

Machination, paranoïa, chantages sont au programme de ce polar juridique.
Un roman dense sur la façon dont les affaires juridiques, intimement liées à la politique, sont traitées. Certains pourront y trouver quelques longueurs. Mais l’auteur a su trouver un juste milieu en maniant avec le côté psychologique, mêlant le point de vue du père, l’intégrité du juge, mais aussi dans la façon dont le couple gère la situation.

Habituellement dans ce genre de roman où il est question d’enlèvements d’enfants, l’histoire tourne autour de la mère. Ici, elle reste principalement en second plan, et prend toute sa place dans la toute dernière partie du roman. Et quelle dernière partie… Les dernières pages sont pour moi les meilleures de tout le roman.

Malgré tout, mon ressenti reste assez mitigé quant au pourquoi et à l’identité de l’auteur de ce rapt. Car dès les premières pages, cette histoire s’annonce -et elle l’est- relativement classique, voire prévisible ; et même si on ne se doute pas du pourquoi et de qui se trouve derrière toute cette affaire, on s’attend à ce que ce passage nous scotche, soit beaucoup plus fort, plus percutant.

Cela reste tout de même un roman de bonne facture où l’on passe un bon moment, et qui réserve une fin inattendue et émouvante.

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Le pire cauchemar pour des parents !

Brad Parks, ancien reporter au Washington Post et au Star-Ledger (New Jersey), se consacre depuis 2008 entièrement à l’écriture. Il est le seul auteur à avoir reçu les prix Shamus, Nero et Lefty, trois des prix les plus prestigieux aux États-Unis couronnant des romans policiers.
Pas un mot est son dernier roman, et aussi le premier à être traduit en français et publié chez nous.

Pas un mot est un roman ambitieux, troublant et plein de suspense. Il dépeint une famille américaine face au pire cauchemar que doivent affronter des parents. Scott et Alison, et leurs jumeaux de 6 ans, Sam et Emma, vivent à Norfolk, en Virginie, où Scott est juge fédéral, tandis qu’Alison s’occupe d’enfants handicapés. Ils constituent une famille aussi heureuse qu’on puisse l’imaginer, habitant une belle propriété, entourée de bois, avec une terrasse offrant une vue sur un lac. Mais tout va changer !

En tant que juge fédéral, Scott s’occupe principalement de poursuites en matière de brevets. L’affaire qu’il est sur le point de traiter va décider de la propriété d’un nouveau médicament qui permettra d’éviter de nombreuses crises cardiaques et fera ainsi gagner des milliards de dollars à son détenteur. Un jour, après l’école, Sam et Emma sont kidnappés, et Scott reçoit un message anonyme : délivrez le verdict que nous voulons ou vous ne reverrez jamais vos enfants. « Pas un mot », prévient l’appelant. Couper les doigts fait partie de la menace.
Les parents horrifiés s’accordent à dire qu’ils ne doivent absolument pas alerter la police ou le FBI, à cause du risque que les ravisseurs le découvrent. Scott s’engage même à aller contre ses convictions en matière de justice, et faire tout ce qui est nécessaire pour sauver ses enfants.

L’auteur décrit habilement l’angoisse des parents, quand on ne sait rien et qu’on imagine le pire, quand on sait que toute l’attention et la vigilance dont on fait preuve à l’égard de ses enfants, ne sera certainement pas suivie par des inconnus. Rapidement plongés dans l’intrigue, l’auteur nous mène par le bout du nez et nous fait vivre un suspense qui va crescendo. Le doute s’installe rapidement, en particulier lorsque la surveillante de l’école affirme avoir vu Emma reprendre ses enfants ce jour-là. Dès lors, au fil des chapitres, l’auteur va prendre un malin plaisir à insuffler des détails qui vont faire osciller nos convictions. Scott et Alison eux-mêmes seront sujets à des accusations injustes et injurieuses de l’un envers l’autre, mettant à mal leur vie de couple déjà ébranlée par la situation. Bien que cruels et dangereux, les voyous qui détiennent les enfants ne sont clairement pas les cerveaux de l’opération. Alors qui l’est ?

Brad Parks parle avec beaucoup d’aisance des questions juridiques et des pressions politiques qui surviennent, d’autant que les décisions discutables prises par Scott, en tant que juge, risquent de provoquer sa propre mise en accusation, voire une récusation ou une révocation.
Mais la grande force du roman est le portrait sensible de l’amour et de la douleur des parents, la description des émotions qui les envahissent.

La lecture de ce roman est parfaitement addictive, le lecteur attendant anxieusement d’apprendre qui est derrière l’enlèvement et quel sort va s’abattre sur cette famille. Sans rien spoiler, on peut dire que les dernières pages sont excitantes, surprenantes et profondément émouvantes, à tel point qu’il n’est pas impossible de verser quelques larmes.

Une belle réussite !

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