illustration Brigitte Lannaud Levy
Pour elle, cette librairie est un rêve. Celui qu’elle avait depuis des années en tête et qu’elle vient de réaliser en quittant l’univers de la finance pour créer en octobre dernier entre Picpus et Vincennes une librairie de quartier dans le 12e arrondissement de Paris. C’est en hommage au roman de Virginia Woolf, « Vers le phare », que Nicole Zagouri a trouvé le nom de son enseigne. Mais c’est aussi parce que la littérature est comme une évasion, une forme de navigation au long cours qui nécessite d’être guidée par les libraires qui apportent leurs lumières comme des phares dans la nuit.
Que nous recommandez-vous comme roman en cette rentrée ?
« Femme à la mobylette » de Jean Luc Seigle (Flammarion). Reine, femme fragile dans un monde cruelle, vit seule avec ses trois enfants. Elle est au chômage et au bout du rouleau. Elle trouve dans son jardin une mobylette qui va insuffler du positif dans sa vie. Un livre poignant qui m’a beaucoup touchée.
Et du côté des auteurs étrangers, que nous conseillez-vous ?
« Brandebourg » de Juli Zeh (Actes Sud). Un roman très étonnant. Dans une petite ville à quelques kilomètres de Berlin vivent des anciens habitants de l’Allemagne de l’Est et des bobos de l’Ouest en quête de sens. Un plan d’aménagement d’énergie renouvelable par l’implantation d’éoliennes vient bousculer un équilibre qui était déjà très fragile entre ces villageois. C’est bourré d’humour, très vivant, animé de plein de personnages. Un texte pertinent et sans concessions sur la société actuelle.
Y a t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqué ?
« La forteresse impossible » de Jason Rekulak (Actes sud). Aux U.S.A en 1987 une bande d’ado met tout en œuvre pour trouver un numéro de Playboy ou une star de télé fait la Une. Mais comment récupérer une telle publication quand on est mineur ? Un roman drôle, plein de vivacité et furieusement sympathique. La couverture est très réussie.
À qui remettriez –vous le prix Goncourt ?
À Alice Zeniter pour « L’art de perdre» (Flammarion) qui raconte l’histoire d’une famille de harkis sur trois générations :
Quel livre vous êtes-vous promis de lire ?
Le roman inachevé de Roberto Bolaño « 2666 » (Christian Bourgois). Un texte qui doit être magnifique mais pour lequel, avec ses mille pages, il faut du temps.
Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
« Mademoiselle Haas » de Michèle Audin (L’arbalète/Gallimard). Ce sont des portraits de femmes dans les années trente. Elles sont ouvrière, coiffeuse, libraire, pianiste, femme de chambre… Chaque chapitre est écrit dans une forme littéraire différente. C’est un texte très émouvant sur la condition féminine. Michèle Audin gagne à être connue et reconnue.
Brève de librairie :
Une petite fille de 7 ans est venue nous demander avec aplomb le dernier album de Valérian. Ce qui nous semblait peu approprié pour son âge. Et elle, d’insister fermement en nous présentant tous les personnages et en les détaillant un à un. Elle a mis tout en œuvre pour nous convaincre que c’était pour elle. Elle était irrésistible d’aplomb et de drôlerie.
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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