Difficile de ne pas penser à un pari perdu à la lecture de la 4e de couv’. Caryl Férey (auteur de polar à succès, depuis « Zulu ») s’en allant découvrir Norilsk, cité minière présentée comme la plus polluée au monde au fin fond de la Sibérie ?! Loin des terres d’Argentine, du Chili, de Nouvelle-Zélande ou d’autres contrées ensoleillées ?
Peu engageant. Et pourtant, ce livre file une pêche incroyable. A suivre les péripéties éthyliques autant que fantasques de Caryl et de son acolyte photographe borgne, dit « La Bête », par -30°, on se dit que Paulsen a eu une bonne idée. Au style nerveux de l’auteur, oscillant entre humour potache et fulgurances philosophico-poétiques s’agrègent des descriptions de personnages hauts en couleurs, du chauffeur de taxi aux jeunes qui tentent de rêver, créer ou survivre dans ce lieu du bout du monde à l’air vicié. Un récit écrit avec les tripes (qui ont dû souffrir de tournées de vodka à ne pas reproduire sans un sérieux entraînement). L’âme et le cœur du narrateur semblent pulser à chaque chapitre. Un livre qui devrait plaire aux apprentis aventuriers de tous poils. Caryl Férey ne ferait sans doute pas le meilleur guide touristique qui soit, mais il est en revanche un sacré pourvoyeur de rêves ! Idéal pour les fêtes de fin d’année, non ?