Vous connaissez « Le Pays Merveilleux » ? Quelle chance, mais peut-être ne connaissez-vous pas celui de Jennifer Hilier, « Wonderland » à Seaside (côte ouest des États-Unis) ? Dans ce cas n’y allez-pas parce que, malgré son nom, il n’a rien de merveilleux et c’est plutôt le monde des horreurs, Alors ne vous y aventurez pas sauf en lecture. Il s’agit d’un grand parc d’attractions avec, bien sûr, une Grande Roue mais elle va être source d’ennuis.
C’est à Seaside que Vanessa Castro, mère de deux enfants : Ava (quatorze ans) et John-John (sept ans), inspectrice à la police de Seattle, a choisi de changer de vie après la mort de son mari. Elle succède ainsi à Carl Weiss (policier incompétent au possible) et trouve de l’aide en la personne d’un jeune policier, Donnie Ambrose. Son baptême du feu se passe très rapidement car, dès son arrivée, on découvre le corps mutilé d’un sans-abri, au pied de la Grande Roue. Vu l’état du corps, cet homme va être nommé « L’Homme sans visage ». Mais un autre incident est également arrivé avec la disparition de Blake Dozier qui avait réussi à monter sur cette Grande Roue et à se prendre en selfie en faisant un doigt d’honneur. Photo qui va circuler immédiatement sur les réseaux sociaux.
Voilà donc Vanessa tout de suite dans le bain et au-revoir la tranquillité à laquelle elle aspirait.
L’enquête ne va aller qu’en empirant car, en faisant connaissance avec la directrice du site, Bianca Bishop (surnommée « Le Dragon »), on apprend que celle-ci avait eu de nombreux amants parmi ses employés masculins, les « Wonderboys », tous très jeunes, beaux, blonds, aux yeux clairs. Pour ce qui est des employées féminines, elles portent le nom de « Wondergirls » et sont elles aussi très jeunes et très jolies.
Mais c’est la disparition des jeunes hommes (au moins dix-neuf) qui est très inquiétante.
De plus, Ava, la fille Vanessa va être concernée par un grand danger car elle a réussi à obtenir un petit job d’été dans ce site soit-disant merveilleux.
Ce thriller est incontestablement bien construit. Dès le début, le lecteur est plongé dans une ambiance inquiétante, une enquête sur les chapeaux de roue (pas la Grande…) avec une Vanessa qui n’a peur de rien et ne veut surtout pas ressembler à son prédécesseur. Pour elle, peu importe qui est haut placé, qui a beaucoup d’influence et « Le Dragon » ne l’impressionne pas du tout.
Le suspense est bien mené avec de fausses pistes, la petite ville de Seaside bouleversée car son économie se basait surtout sur l’activité du parc d’attractions et on comprend pourquoi, jusqu’alors, la police locale n’intervenait pas vraiment.
Mais voilà qu’une femme de tête prend les rênes, c’est au triple galop que tout s’enchaîne et c’est en frissonnant que l’on découvre ce suspense haletant.
Jennifer Hillier reconnaît admirer Stephen King et dit écrire « des livres sur des gens sombres et tordus qui font des choses sombres et tordues ». C’est clair et net.
Elle a tout juste avec ce thriller et le lecteur ne peut qu’admirer le style où les éléments sont distillés, où l’histoire regorge de nombreux secrets. L’écriture est tout à la fois très rythmée et bien maîtrisée pour nous plonger dans ce cauchemar avec ses rebondissements multiples. Pas de répit avant la fin du livre…
Et dire que le texte débute avec : « Bienvenue à bord de Wonderland ! Nous nous réjouissons de vous compter parmi nos équipages » – texte destiné à l’ensemble du personnel et qui parsème les débuts de chapitres mais peut-être nous concerne-t-il aussi d’une certaine façon et dans ce cas, nous sommes bien impliqués ?
En tout cas, je dis « Bravo » pour ce thriller si original d’une écrivaine canadienne, qui vit à Seattle et dont c’est le premier livre traduit en français.
Vivement les autres !