illustration Brigitte Lannaud Levy
Ne vous méprenez pas à cause de son nom. Ce n’est pas une librairie anglo-saxonne, mais « Livres in room » est un amusant jeu de mots, un clin d’œil affectueux aux Anglais qui débarquent tout près de là, à Roscoff, pour découvrir l’hexagone. Les trois lettres des initiales forment le mot LIR et ça tombait bien aussi. Gaëlle Maindron et François Michel sont deux libraires aguerris, qui après avoir fait leurs armes à Nantes, voulaient voler de leurs propres ailes. À Saint-Pol-de-Léon, en 2014, ils sont tombés amoureux de cette ravissante librairie–salon de thé donnant sur un jardin, qu’ils ont reprise et qui fêtera ses dix ans cette année. En dépit de sa situation, ce n’est en rien une librairie de passage qui vivrait au rythme des périodes estivales, mais bien un lieu très animé tout au long des saisons, devenu un des véritables points d’attraction de cette ville du Finistère.
Quel roman nous recommandez-vous de lire ?
« La disparition de Josef Mengele » d’Olivier Guez (Grasset). Un livre qui nous a touchés par sa narration d’une grande efficacité. On se voit comme assis pour de vrai près de l’auteur, bouche bée, pétrifiés alors qu’il nous raconte cette histoire incroyable de la fuite en Argentine de ce médecin tortionnaire à Auschwitz, incarnation du mal absolu.
Du côté des auteurs étrangers que nous conseillez-vous ?
« Les buveurs de lumière » de l’Écossaise Jenni Fagan (Métaillé). En 2020 les changements climatiques se sont accélérés, on se dirige vers une fin du monde où tout glace. Un homme se réfugie dans un village de caravanes dans les Highlands où vit une communauté de fêlés, de marginaux. Des personnages étranges, mais tendres. C’est un roman très réussi.
Y a-t-il un premier roman qui vous a particulièrement marqués ?
Celui de Sébastien Spitzer aux éditions de L’Observatoire, « Ces rêves qu’on piétine ». Un texte que l’on a envie de porter, de défendre. Après la libération des camps d’extermination, les Allemands tentent d’effacer toute trace par des marches forcées d’évacuation des déportés. Une enfant s’en échappe, elle est dépositaire de lettres cachées et parallèlement on suit le destin tragique de Magda Goebbels qui entraîne ses six enfants à ses côtés vers la mort. C’est un roman historique poignant avec un angle très original.
Quel beau livre à mettre sous le sapin ?
Chez Omnibus, ils viennent de publier un magnifique coffret illustré de trois chefs d’œuvre de Jane Austen.
Quel est le livre le plus emblématique de la librairie que vous défendez avec ferveur ?
Depuis que nous sommes arrivés ici, c’est un premier roman éblouissant : « Le sillage de l’oubli » de Bruce Machart (Gallmeister). Chaque fois que nous le faisons découvrir, les gens en sont heureux. On est plongés fin du 19e siècle au Texas où vivent un fermier veuf et ses quatre fils. Sa femme follement aimée est décédée en mettant au monde leur dernier enfant. Le père fou de douleur va jouer sa ferme aux courses de chevaux, mais le pari va bien au-delà… C’est un roman déchirant.
Une brève de librairie
Un jeune homme, « Les Fourberies de Scapin » de Molière en main, revient après l’avoir acheté en s’exclamant : « Mais vous m’avez vendu un truc illisible ! Ce Scapin, comme les autres personnages, a son nom écrit dès qu’il parle. Non, franchement c’est totalement illisible ! »
Propos recueillis par Brigitte Lannaud Levy
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Livres in Room
29 rue du Général Leclerc
29250 Saint-Pol-de-Léon
02 98 69 69 28 41