Retourner dans l'obscure vallée
Santiago Gamboa

traduit de l'espagnol par François Gaudry
metailie
bb hispano
août 2017
446 p.  21 €
ebook avec DRM 12,99 €
 
 
 
 La rédaction l'a lu

Il faudra repartir

L’auteur colombien Santiago Gamboa publie un roman noir, l’histoire d’une vengeance et d’un retour impossible, sous l’égide d’Arthur Rimbaud. Polyphonique, visionnaire, cruel et mélancolique, ce livre parle de l’Europe en plein chaos, de la Colombie en pleine rédemption et des itinérants du monde qui n’ont que la littérature pour patrie.

De l’exil au retour

Il y a d’abord le Consul, qui ne l’est plus mais en a gardé le nom, et qui se consacre désormais à un essai sur Rimbaud lorsque son amie Juana, longtemps perdue de vue, lui donne rendez-vous à Madrid. Il y a Manuela, l’étudiante en lettres colombienne qui, après une enfance et une adolescence ravagées par la violence, obtient une bourse pour aller étudier la littérature dans une université espagnole. Enfin, il y a enfin Tertuliano, le fils caché du pape François, un illuminé mais au fond pas tant que ça, qui se définit comme un soldat éliminant les êtres malveillants de la surface de la terre. Leurs chemins se croisent à Madrid où ils s’unissent autour d’un projet de vengeance contre un des plus gros narcotrafiquants de la Colombie, incarnation du mal et de la cruauté. C’est donc ensemble qu’ils vont retourner dans ce pays qu’ils ont tous quitté pour l’Europe, frappée par la crise économique et le terrorisme.

La littérature, berceau de l’humanité

Le retour dans une Colombie impossible à vivre est motivé par la vengeance, mais son accomplissement n’est pas la condition d’un rapatriement. Les exilés seraient donc condamnés à l’errance perpétuelle s’il n’était question de trouver l’endroit d’où écrire, comme le poète « aux semelles de vent » qui passa sa vie sur les routes entre Charleville et Paris, Londres et la Belgique, avant d’aller chercher fortune en Afrique. Le Consul est fasciné par la fuite insatiable d’Arthur Rimbaud, et par la poésie comme ultime refuge, berceau de l’humanité apatride et migrante. Il y a assurément toujours une place pour la littérature, affirme Santiago Gamboa ; on peut descendre aux enfers, mais on a une chance d’être sauvé si l’on y emporte un livre. On sort de ce roman avec la furieuse envie de relire « Une saison en enfer », et renforcé dans l’idée que la littérature constitue une échappée des plus belles.

 

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