Voilà plus d’une semaine que j’ai refermé ce livre, en larmes. Depuis, mes yeux sont secs, mais l’émotion toujours présente rend difficile la rédaction de ma critique tant je peine à trouver les mots pour décrire ce que j’ai éprouvé tout au long de cette lecture. Plus qu’un coup de cœur, j’ai ressenti un coup au cœur.
Tout a commencé avant Noël, lorsque j’ai eu la surprise de lire un très gentil message de Véronique Mougin me proposant de découvrir son roman avant sa parution en librairie. J’ai bien sûr accepté et me suis lancée dans ma lecture sans à priori n’ayant lu aucune critique à son sujet.
Dès les premières pages, j’ai aimé ce jeune garçon, Tomi qui a l’âge de 14 ans a déjà un caractère bien trempé. Il aime se réfugier dans l’arbre de son jardin pour regarder les filles de la maison bleue en rêvant au jour où il pourra les rejoindre. Il se verrait bien aussi partir en Amérique tandis qu’autour de lui le ciel s’assombri pour les juifs de Hongrie.
Son père Herman, tailleur de métier aimerait que son fils apprenne à tirer l’aiguille, persuadé que ce métier lui permettra toujours de vivre mais Tomi, lui s’imagine en salopette bleue, il veut devenir plombier, plus par bravade face à l’autorité paternelle que par réelle conviction.
A Dora-Mittelbau, où la famille est déportée le seul moyen de survivre au milieu de l’horreur se trouve pour le père et le fils dans l’atelier de couture du camp à repriser les tenues des détenus. Tomi le comprend très vite et s’applique dans cette tâche ingrate, en étant bien loin de se douter que la couture le mènera un jour dans la capitale de la mode au sommet de la gloire.
A Paris, Tomi deviendra un couturier de renom, magnifiant les femmes dans des robes toujours plus somptueuses.
Véronique Mougin, nous conte un parcours de vie exceptionnel.
Tomi n’est autre que son cousin, d’où peut-être cette tendresse et cette admiration qui transparait sous sa plume tout au long du livre.
« Où passe l’aiguille » un très grand roman. Je n’arrive pas à m’en détacher.
J’aimerais lorsque je critique des livres de cette qualité trouver les mots convaincants, mais je n’ai malheureusement pas ce talent.
Je dirai simplement qu’après une seconde lecture à haute voix pour un proche non voyant ce fut à nouveau un double coup de cœur.
L’oralité transcende la beauté de l’écriture. Celle de Véronique Mougin emplie de douceur et de bienveillance lorsqu’elle nous parle de Tomi adolescent, devient âpre et sèche lorsque la folie des hommes s’emploie à broyer leurs semblables.
Souvent l’auteure malmène son lecteur, dans les camps de concentration, on ressent le froid, la faim, la peur, les coups.
Cela peut sembler pénible parfois, mais c’est à mon sens indispensable pour bien comprendre ce que cette aventure humaine et artistique a d’exceptionnel.
Quel plus beau cadeau pour la lectrice passionnée que je suis que de commencer l’année par une telle émotion littéraire ?
Merci Véronique.