Violaine Huisman
Gallimard
Folio
janvier 2018
300 p.  8 €
ebook avec DRM 7,99 €
 
 
 

l  a   c  r  i  t  i  q  u  e   i  n  v  i  t  é e  

Claire Devarrieux (Libération) a choisi
« Fugitive parce que reine » de  Violaine Huisman paru Chez Gallimard


Avoir une mère bi-polaire garantit les montagnes russes. Violaine Huisman a dix ans, sa sœur douze, quand leur mère est internée, disparaissant ainsi de la vie quotidienne des enfants sans donner de nouvelles. Les adultes se chargent de mettre un mot inconnu sur un état inquiétant : il s’agit d’une maladie, elle est maniaco-dépressive. Mais ce n’est pas un diagnostic que pose ce premier roman intelligent et généreux. L’auteur fait revivre des journées bousculées, une existence à cent à l’heure avec la voiture qui monte sur le trottoir, des nuits agitées qui voient s’échouer des créatures dans l’appartement, des cocktails dangereux de neuroleptiques et d’alcool, des raclées, des baisers, des rires, des sommets de grossièreté qui signent moins l’origine de classe que l’excès diabolique de la folie. Jamais l’auteur ne se met en valeur, ou en avant. Elle n’omet pas le ravage,  elle ne juge pas, elle constate :« notre enfance périclitait avec la souveraineté et la soudaineté d’une avalanche. Nous étions ensevelies. » Mais le livre est dédié à l’amour fou qui demeure entre les petites et leur mère. Et quand on parle d’amour fou, il n’est plus question de folie.

Portrait d’une femme, « Fugitive parce que reine » est aussi le portrait d’un homme, qui porte un nom d’emprunt, mais en qui on reconnaît Denis Huisman, né en 1929, fils d’un haut fonctionnaire qui imagina le festival de Cannes. Huisman créa une école d’attachées de presse, et régna longtemps sur les manuels scolaires de philosophie, qui firent sa fortune. Cet homme d’une autre époque avait épousé une danseuse d’un milieu qui n’était pas le sien, avec qui il eut donc deux filles, dont Violaine. « Pensant faire plaisir à maman, il déclarait avec emphase : « Nos filles ont l’intelligence de leur papa et la beauté de leur maman ! Il s’étonnait toujours qu’elle s’en offusque. »

La deuxième partie du livre justifie pleinement le label « roman ». Violaine Huisman raconte l’enfance mal aimée, et mal portante, de sa mère, son premier mariage, ses premières extravagances, son courage, ses combats perdus. Et la rencontre avec l’homme de sa vie, qui devait précipiter sa perte.

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