Une terrasse en Algérie
Jean-Louis Comolli

Editions Verdier
février 2018
192 p.  14 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
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coup de coeur

Algérie : la mémoire et l’oubli

Le cinéaste et scénariste Jean-Louis Comolli raconte les débuts de la guerre d’Algérie, en 1955, au cœur de sa ville natale de Philippeville, lieu de massacres qui s’étendront à tout le Constantinois. Entre illusion et soupçon, il interroge les mots, le mensonge et l’oubli.

Les parents de Jean-Louis Comolli sont nés en Algérie, son grand-père a fait la Grande Guerre, son père celle d’après. Pour les exilés d’Europe, alors terre de chaos, l’Algérie représente un éden. A l’été 1955, pour l’adolescent de quatorze ans, le paradis, c’est la plage de Stora, les langoustes et le créponné, les discussions entre amis au café, et la rencontre avec Marianne, qui deviendra la femme de sa vie. C’est le temps de la jouissance des corps, de la lecture des « Cahiers du cinéma » et du jazz. Mais la douceur de vivre est un art de l’entre-soi ; on ne se mélange avec les Algériens, ni au lycée ni dans la rue, on ne partage pas la même langue. Les Arabes vivent dans la partie haute de la ville, les colons dans la partie basse, chacun chez soi. Jusqu’aux massacres de Philippeville perpétrés cet été-là, comme un éclair déchirant le ciel de l’insouciance. Des tueries sont commises par les indépendantistes du FLN, puis en représailles par l’armée française, mais que le garçon n’a comprises que plus tard, lorsqu’on lui a raconté l’horreur qui a attiré l’attention de l’opinion internationale.

C’est dans une tension entre oubli et souvenir que Jean-Louis Comolli situe son récit, dans lequel il s’efforce d’employer les mots au plus près de la vérité : ce qui avait pour nom « pacification » était en réalité une guerre dont les colons ont refusé de comprendre les raisons, persuadés dans leur arrogance qu’ils pouvaient accaparer une terre sur laquelle ils étaient nés par les hasards des exils espagnols, italiens ou français. Au lieu de vivre avec, selon le vœu d’Albert Camus et d’autres, ils ont péché par racisme, mépris et ignorance. A l’heure violette de l’écriture, l’amertume cohabite avec la mélancolie, aggravée par la lutte contre l’oubli qui a déjà vaincu Marianne, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Jean-Louis Comolli devient alors le seul dépositaire du souvenir de leur rencontre avant la fin d’un monde, qu’il fixe avec le désespoir du bonheur à jamais perdu.

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