Jesse le héros
Lawrence MILLMAN

Sonatine
mars 2018
208 p.  19 €
ebook avec DRM 9,99 €
 
 
 
 Les internautes l'ont lu

Ce livre, bien que paraissant maintenant, n’est pas tout neuf. Il a étrangement échappé aux éditeurs français ; Sonatine a pour notre plus grand bonheur eu le nez creux ; il n’est jamais trop tard pour nous proposer une pépite de roman noir !

Jesse, est un gosse qui dénote beaucoup ; étrange dans sa psychologie, violent et cruel dans son comportement. A dire vrai on ne sait pas bien si c’est un pervers conscient de ce qu’il fait, ou s’il n’a pas eu la chance d’avoir des parents à la hauteur, s’il est véritablement dérangé.

Il vit dans une petite ville du New Hampshire , avec un père trop occupé à faire bouillir la marmite familiale que pour s’occuper efficacement de son rejeton. Il a bien quelques pistes, mais au fond de lui, la seule solution valable le culpabilise Jusqu’à la moelle ; alors il ferme les yeux ; se dit que les choses vont s’arranger.
La mère n’est plus là ; on sait juste qu’elle est partie il y a un bout de temps. Alors pour tuer le temps, Jesse regarde inlassablement la télé et les images de guerre en provenance du Vietnam. D’ailleurs, son frère Jeff doit revenir, c’est son Dieu ; lui aussi veut être un héros.

Voilà pour le décor et l’ambiance glauque et angoissante. Il faut s’accrocher tant l’auteur peut nous mettre mal à l’aise, et en même temps (expression à la mode) nous imposer une forme de compassion, en tout cas un début d’indulgence pour ce gosse pas comme les autres.

Pas même la fin ne nous donnera la clé de l’énigme ; juste quelques pistes dans cet univers glaçant et plus noir que noir.

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nuit blanche

La gloire de l’andouille

Exceptionnel. Parfait. Sur le bandeau jaune qui ceint le roman de Lawrence Millman, tout est dit ou presque, par Hubert Selby.
L’histoire de Jesse, idiot du village, simple d’esprit, fêlé, andouille. L’andouille. Le garçon dont on voit surtout la différence, les quelques cases en moins, mal remplies, pas remplies du tout, qui le laisse assouvir ses pulsions, brutalement, sans retenue, instinctivement.
Son père s’en occupe, tant qu’il peut, mais il vieillit « chauve comme une vieille balle de golf. Petit. petit pour un père. Lui grandissait tandis que son daron rapetissait.Le garçon appelait ça la croissance. »
Son frère est au Vietnam. Jesse n’a d’autre envie que le rejoindre, pour lui aussi tuer, tirer sur l’ennemi, devenir un héros.
En attendant il s’invente une vie, quelques guerres, une geste héroïque qui le grandisse, un peu plus, et sa vie avec.
Mais Jesse faute, agresse une jeune fille, que faire de lui, ses errements, ses excès, ses dérapages violents et au delà de la loi?
Le père n’en peut mais, le frère, de retour, le rosse.
Jesse ne comprend pas. Ne comprend pas qu’on ne le comprenne pas. Ce qui est évident pour lui est inadmissible ou compliqué pour les autres.
Alors, partir. Fuir. Jusqu’au Vietnam. Mais pas tout seul.
L’imbécile qui affronte la conjuration, parce qu’on ne peut pas ne pas penser au roman de John Kennedy Toole, à son personnage énorme Ignatus J Reilly.

Il n’y a pas 200 pages dans le roman de Millman, mais tout y est. La littérature surtout, bien sûr. Ce qu’il faut de mots, et pas plus, pour dire une vie, complexe et dure, mais pas que.
Au bout du conte, on reste interloqué qu’un tel ouvrage a dû attendre 36 ans sa traduction en français. Claro est passé par là, les éditions Sonatine aussi, pour nous donner enfin à découvrir ce roman parfait, oui. Exceptionnel et parfait.

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