l a c r i t i q u e i n v i t é e Catherine Fruchon-Toussaint (RFI) a choisi « Les biffins », dit le dictionnaire, sont des chiffonniers, des personnes en situation de précarité qui vendent des objets usagés pour gagner quelques pièces. En choisissant ce titre pour son nouveau roman, Marc Villard donne tout de suite le ton : une plongée dans la marginalité. Ancrée à Paris, l’histoire se décentre pour s’intéresser à la périphérie, dans tous les sens du terme, géographique et sociale. A travers le regard de sa jeune protagoniste Cécile, qui maraude la nuit avec le Samu Social ou qui régule le carré des biffins au marché aux puces de Saint-Ouen, c’est tout un monde parallèle que nous décrit l’écrivain. Sans misérabilisme mais avec beaucoup de réalisme et d’humanisme, l’auteur raconte par petites touches le quotidien de ces gens en survie : Nadia, vieille femme, malade du sida, Samouraï, ancien soldat au Mali, Lothaire qui récite des livres à voix haute, une Sénégalaise qui se jette dans le vide quand l’hôtel où elle habite prend feu, une femme qui dort à même le sol avec sa petite fille de 5 ans… Face à cette population en souffrance, des bénévoles, des salariés sous-payés, médecins, pompiers, assistants qui font ce qu’ils peuvent et eux aussi souffrent. Nouvelliste de renom, Marc Villard sait écrire bref et intense, ici, il réussit à nouveau à mettre son talent au service d’un sujet difficile et dérangeant. Il sait mettre les mots justes sur une forme d’indicibilité, d’invisibilité. On sait très bien que la littérature ne change pas grand-chose mais au moins après la lecture de ce texte fulgurant plus personne ne pourra ignorer le sens du mot « biffin ». |
|