critique de "Le testament d'Ausone", dernier livre de Marc Petit - onlalu
   
 
 
 
 

Le testament d'Ausone
Marc Petit

Le Festin
les merveilles
janvier 2018
120 p.  15 €
 
 
 
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Poète en temps de crise

Nous sommes sommes au IVème siècle de notre ère. Autant dire que l’Empire romain commence à chanceler. Ausone, qui est né à Burdigala, l’a parcouru de Rome où il a été le conseiller de l’empereur à Trèves où la proximité des Barbares est annonciatrice des catastrophes à venir ; il revient dans sa villa proche de l’estuaire qui ne s’appelle pas encore la Gironde.
La belle idée de Marc Petit est de ne pas se lancer dans une biographie classique mais de nous faire entrer dans l’intimité d’Ausone en imaginant les lettres qu’il aurait pu envoyer, depuis ce qui est maintenant sa retraite, à ceux qui ont compté dans sa vie – les grands hommes qu’il a connus (Gratien, Paulin de Nole) ou les membres de sa famille qu’il a aimés, à commencer par sa femme Sabina trop tôt disparue ou son grand-père qui a gardé les secrets de la vieille religion celtique. Le personnage, dont je ne suis pas sûr que par lui-même il ait été très sympathique, – rhéteur ambitieux et conseiller du prince assez fiérot d’être arrivé aux plus hauts postes, chrétien parce qu’il faut bien l’être – y gagne en humanité et en profondeur.
Marc Petit donne sa préférence au poète qu’il fut et l’absout de ses faiblesses parce qu’il s’inscrit dans une terre qu’il aime et dont la contemplation heureuse atténue les tristesses qui auraient pu l’assaillir. Il atteint là une sorte de sagesse, d’équilibre apaisé, qui dépasse les vers un peu convenus qu’il a pu composer.
« Si seulement nous pouvions , est-il censé écrire à Virgile, (…) retrouver la fraîcheur qui nous manque pour nous lancer à l’aventure et créer des oeuvres égales à celles du temps passé ! Tout ce que nous savons faire, nous les tard venus, les enfants gâtés, c’est jouer avec les mots, nous manquer de notre art, affichant une légèreté et une désinvolture qui cachent mal le sentiment de notre stérilité et notre vide profond. Aux oeuvres, nous préférons les brouillons ; aux visages, les masques ; au beau et au vrai, les mille grimaces de la futilité ; à l’homme, le singe. »
Voilà qui résonne fort à nos oreilles !

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